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- Lutte ouvrière n°1859
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Leur société
À Bobigny, le maire déclare les expulsions hors-la-loi : Un exemple à généraliser
C'est le vendredi 12 mars, soit trois jours avant la fin de la trêve hivernale des expulsions, que le maire PCF de Bobigny, Bernard Birsinger, a annoncé un arrêté municipal qui déclare sa ville "zone hors expulsion locative", ajoutant que le conseil municipal rejette "cette pratique inhumaine qui ne fait que précipiter des hommes, des femmes et des enfants dans la grande spirale de l'exclusion".
Pris en tenaille entre la baisse de leurs revenus et la hausse incessante des loyers (qui ont augmenté de 5,2% à Paris en 2002), les travailleurs en situation d'expulsion sont en effet de plus en plus nombreux. En 2002, les décisions d'expulsion pour loyers impayés ont ainsi progressé de 3,8%. Et c'est encore bien pire lorsqu'on considère la part de ces expulsions réellement effectuées, par un recours à la force: +6,7% en 2001, +18,8% en 2002. En quatre ans, l'augmentation est de 72,8%!
Cette détérioration de la situation est d'autant plus révoltante qu'elle frappe d'abord et avant tout ceux qui ont les plus grandes difficultés. Selon la Confédération nationale du logement, les trois quarts des expulsés ont des revenus inférieurs au RMI. Ce sont donc des milliers de pauvres que l'on condamne ainsi froidement chaque année à vivre, ou plutôt à survivre, à la rue.
Si les autorités interviennent de plus en plus souvent, et de plus en plus vite, pour faire exécuter les décisions d'expulsion, c'est que la loi prévoit désormais que l'État indemnise les propriétaires lorsqu'il tarde à agir contre les locataires. Quant à utiliser la force publique pour contraindre les propriétaires à accepter un moratoire sur les loyers impayés, ou à mettre à la disposition de la collectivité leurs logements vides, c'est une idée qui n'a sans doute même pas effleuré les autorités.
L'initiative du maire de Bobigny n'aura pas facilement d'effets tangibles. Mais c'est une initiative que bien des municipalités pourraient reprendre, ne serait-ce que pour affirmer leur opposition à ce qu'on jette sur le pavé une partie de leur population, des milieux les plus défavorisés. Même si les propriétaires qui demandent l'expulsion ont le droit bourgeois pour eux, la population peut s'y opposer. Le temps n'est pas si loin où dans des communes populaires, nombre de tentatives d'expulsion se heurtaient à la résistance organisée des habitants du quartier, qui les rendait en pratique inapplicables.