- Accueil
- Lutte ouvrière n°1857
- Sanctionner la politique du gouvernement au service du Medef
Editorial
Sanctionner la politique du gouvernement au service du Medef
Tout va pour le mieux, d'après le gouvernement. Il présente comme un grand succès le fait que les statistiques officielles comptabilisent 27600 chômeurs de moins en janvier, et il annonce que 2004 sera l'année de la reprise économique.
Dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'une escroquerie.
En ce qui concerne le chômage, il y a eu 230000 travailleurs radiés des Assedic en janvier. Ceux-ci, condamnés au RMI ou à l'ASS, n'ont pas de raison de renouveler leur inscription à l'ANPE. Cela fait que cette prétendue baisse du chômage pourrait bien dissimuler une nouvelle et importante augmentation du nombre de chômeurs. Ce qui est vraisemblable quand on voit les suppressions d'emplois, les fermetures sauvages d'entreprise, les plans dits hypocritement "sociaux" se multiplier partout dans le pays.
Quant à une reprise économique en 2004, bien malin qui pourrait dire s'il y en aura une ou pas, car le propre du système capitaliste, soumis à la seule loi du marché, est que les fluctuations de l'économie y sont totalement imprévisibles, y compris par les hommes politiques et les dirigeants des grandes entreprises. Mais évidemment, à trois semaines des élections régionales, à quatre mois des élections européennes, cela ne coûte rien à Raffarin d'annoncer cette fameuse reprise, d'autant qu'après ces élections il n'est même pas sûr de rester Premier ministre.
Mais pour les travailleurs, reprise ou pas, la question n'est pas là. Car même quand la croissance économique est là, les suppressions d'emplois, les plans de licenciements ne cessent pas. C'est une chose que le plus menteur des ministres ne peut pas nier.
La cause principale du chômage, c'est la volonté des dirigeants des grandes entreprises d'augmenter leurs profits en faisant effectuer la même production par moins de travailleurs. Partout on fait des économies de main-d'oeuvre. Et dans les usines, plutôt que d'investir dans de nouvelles installations, le patronat aime mieux, quand les carnets de commandes sont pleins, faire tourner les machines et les chaînes de production la nuit, le samedi, le dimanche, augmenter les cadences de travail, au mépris de la vie privée, de la vie de famille et de la santé des salariés.
Pendant que des millions de travailleurs se désespèrent d'être au chômage, des millions d'autres se ruinent la santé à cause de conditions de travail démentielles.
Augmenter les profits des entreprises, c'est aussi, pour le patronat, "réduire les coûts salariaux". Et le gouvernement, qui n'a rien à lui refuser, lui accorde exonérations de charges sociales sur exonérations de charges sociales, en affirmant sans rire que c'est pour permettre la création d'emplois!
C'est le même prétexte qui est avancé, dans les Conseils généraux comme dans les Conseils régionaux, qu'ils soient dirigés par la droite ou par les partis de l'ex-gauche plurielle, pour multiplier les subventions diverses aux entreprises, alors qu'avec cet argent de l'État il serait possible de créer directement des emplois dans des services publics laissés à l'abandon.
Le Parti Socialiste critique certes la politique du gouvernement. C'est logique: il est dans l'opposition. Mais il se garde bien de critiquer cette politique d'aides aux entreprises que mènent Chirac et Raffarin, parce qu'il a mené la même quand il était au gouvernement, et qu'il s'apprête à récidiver s'il y revient.
Le gouvernement craint un vote "sanction" lors des prochaines élections régionales. Mais un seul vote permettra de sanctionner le gouvernement sans amnistier l'ex-gauche plurielle, et de s'opposer aux attaques du Medef. C'est le seul vote qui peut s'opposer à leur volonté de réduire encore la part des salariés dans la répartition des richesses qu'ils créent par leur travail. C'est le vote pour les listes présentées par Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire.
C'est aussi le meilleur moyen de préparer la nécessaire riposte de la classe ouvrière aux attaques du patronat.
Arlette LAGUILLER
Editorial des bulletins d'entreprise du 1e mars 2004