PCF : "Faire de la politique autrement" ou faire une autre politique ?05/03/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/03/une1857.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

PCF : "Faire de la politique autrement" ou faire une autre politique ?

La liste "Gauche populaire et citoyenne" conduite par Marie-George Buffet en Ile-de-France est censée représenter la façon du PCF de "faire de la politique autrement" et son ambition de "rebâtir la gauche".

"Faire de la politique autrement", expression à la mode, ne signifie pas que le PCF s'engage à faire "une autre politique", qui se distinguerait radicalement de la politique de gestion des affaires de la bourgeoisie que le Parti Socialiste a menée à chaque fois qu'il a été au gouvernement ou qu'il a dirigé des exécutifs locaux, allié aux élus du PCF.

Malgré la situation dramatique, que Marie-George Buffet qualifie elle-même de "situation d'urgence", dans laquelle se trouve le monde du travail, le programme du PCF ne propose pas de mesures susceptibles d'améliorer le sort de celui-ci.

Pas question de contraindre le patronat

La mesure phare de son programme, c'est "d'assurer à chacune et chacun, tout au long de sa vie active, la possibilité d'alterner des emplois stables et correctement rémunérés avec des formations permettant d'accéder à de meilleurs emplois choisis" et cela "avec un revenu et des droits garantis: salaire quand on est dans l'emploi, ou revenu de remplacement, au même niveau que le salaire, quand on est en formation". Voilà qui sonne bien. Ce serait en effet la moindre des choses. Mais comment y parvenir? Marie-George Buffet, qui se prétend réaliste à la différence de l'extrême gauche, ne propose rien de plus que la mise sur pied d'un "Fonds public de sécurisation et de promotion de l'emploi et de la formation" dont le rôle serait d'inciter financièrement les entreprises à réaliser cet objectif! Le fonds en question "servirait à "moduler" le taux d'intérêt des crédits pour les investissements des entreprises: plus ces dernières programmeraient de créations d'emplois et de mises en formation, plus le coût de leurs emprunts serait abaissé, le Fonds prenant en charge tout ou partie des intérêts."

Pas question donc de contraindre le patronat à payer des salaires corrects, à ne pas licencier et à créer les emplois nécessaires à une amélioration des conditions de travail. Il s'agit toujours de la même recette: tenter d'acheter le bon vouloir des patrons en leur distribuant des fonds publics. Marie-George Buffet propose que ce fonds soit alimenté par les 20 milliards d'exonérations de charges sociales qui sont consentis chaque année au patronat. En somme la suppression de ces exonérations, ce qui ne serait que justice, se traduirait immédiatement par de nouvelles subventions au patronat à qui on peut faire toute confiance pour les empocher... et licencier quand même!

Pourquoi le PCF ne propose-t-il pas d'arrêter immédiatement toute subvention au patronat et d'utiliser directement cet argent pour embaucher immédiatement dans tous les services publics, dans la santé, l'éducation, les transports en communs, etc, le personnel qui manque si cruellement? Pourquoi ne propose-t-il pas que l'État et les collectivités locales utilisent cet argent, afin de créer eux-mêmes des emplois, pour construire les logements sociaux nécessaires pour que chacun ait des conditions de vie décente?

L'argent public ne doit pas aller aux intérêts privés. Mais le slogan du PCF "utilisons l'argent pour privilégier l'emploi" signifie une fois de plus: aidons les patrons avec l'argent public. Voilà un quart de siècle qu'une telle politique est menée, que les patrons empochent ces subventions et licencient quand même. Marie-George Buffet présente sa politique de façon différente, mais pour mieux emballer une marchandise pas du tout nouvelle, dont l'efficacité pour enrichir les actionnaires a été prouvée, mais qui s'est avérée désastreuse pour la classe ouvrière.

"Rebâtir la gauche plurielle" ?

Quant à vouloir "rebâtir la gauche", le PCF n'a là non plus pas d'autre politique à proposer que la même vieille politique d'alliance avec le Parti Socialiste. Dans bien des régions le Parti Communiste fait liste commune avec les socialistes dès le premier tour et, là où il présente une liste indépendante, il annonce qu'au second tour ses listes fusionneront avec celles du PS, là où ils atteindront les 5% nécessaires pour pouvoir le faire. Les élus du PCF ne veulent pas se trouver écartés de la gestion de la région là où le Parti Socialiste serait en mesure de l'emporter. Pour influer sur les choix socialistes? C'est l'argument que les dirigeants du Parti Communiste ont servi à chaque fois qu'ils ont accepté les strapontins que le PS voulait bien leur laisser... avec le résultat que l'on sait.

Les listes LO-LCR ne disent pas qu'il faut "faire de la politique autrement" -ce qui ne veut strictement rien dire. Elles proposent une tout autre politique, à l'opposé de celle qui a été menée jusqu'ici contre les travailleurs. Il faut cesser les subventions aux entreprises, il faut lever le secret commercial et le secret bancaire et prendre sur leurs profits pour garantir l'emploi et les salaires sous peine de réquisition. Seules ces mesures radicales, en rupture avec une politique au service du grand patronat, peuvent inverser le cours des choses dans un sens favorable au monde du travail.

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