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- Lutte ouvrière n°1856
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Leur société
Routes à péage : Le prochain racket ?
Dans le cadre de la loi sur la décentralisation, la gestion et le financement d'un tiers du réseau routier -l'équivalent de vingt mille kilomètres- vont être transférés aux départements.
Mais où trouver l'argent qui permettrait d'entretenir les routes et d'en construire de nouvelles? L'État s'est engagé à reverser aux collectivités les quelque 620 millions d'euros consacrés chaque année à ce réseau. Comme cela ne suffira pas, le ministre délégué aux Collectivités locales, Patrick Devedjian, a envisagé une autre source de financement dans le texte de projet de loi qui doit être examiné à partir du 24 février par les députés: il s'agirait d'instaurer, pour les collectivités locales, sous certaines conditions, un péage sur les autoroutes non concédées par l'État, ainsi que sur les routes, qu'elles soient nationales, départementales ou communales. Cette proposition a fait du bruit. Si bien que le ministre de l'Équipement et des Transports, Gilles de Robien, s'est senti obligé de rassurer les automobilistes en déclarant que le "péage ne concernerait que d'éventuelles routes nouvellement construites", qu'aucune des routes à quatre voies déjà existantes ne pourrait, en principe, devenir payante et que les routes concernées devraient être "minoritaires".
Les sociétés concessionnaires d'autoroutes, on s'en doute, se sont, quant à elles, réjouies. Leurs affaires sont déjà bonnes -ainsi, par exemple, la société Paris-Rhin-Rhône a enregistré en 2002 un résultat positif avec un bénéfice consolidé de 74 millions d'euros. Elles augmentent régulièrement leurs tarifs -les tarifs du concessionnaire privé Cofiroute viennent de progresser de 1,61% en février, les Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc de 3,45%; le racket des automobilistes est général. Et voilà qu'en prime, ces sociétés pourraient bénéficier de nouveaux marchés et en faire bénéficier les entreprises qui travaillent avec elles...
Quant aux automobilistes, à force de payer, comme des vaches à lait, les moins fortunés d'entre eux n'auront peut-être plus le choix que de... regarder passer les voitures.