Le PS en campagne : Prudence... prudence !26/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1856.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PS en campagne : Prudence... prudence !

Plus on approche du premier tour des élections régionales et moins les propositions du PS sont audibles.

Non pas qu'on ne l'entende pas et qu'on ne le voie pas à la télé ou à la radio. Les Hollande, Lang, Fabius, Strauss-Kahn, Dray sont omniprésents comme à l'ordinaire. Mais ils ne disent rien, ils ne promettent rien, plus préoccupés sans doute à échafauder les alliances avec leurs habituels partenaires de la gauche plurielle, pour le premier tour, pour certaines régions, dans l'attente du second, où tous se retrouveront, c'est promis, sur une même photo de famille.

Ainsi par exemple, dans un petit fascicule rouge de huit pages que le PS diffuse sur les marchés et intitulé "STOP réagissons pour une vie meilleure" , qui est présenté comme un contrat entre le PS et les citoyens, il est proposé "la création d'une plate-forme régionale d'économie sociale". Quelle audace! Mais aussi la création "des emplois de services aux personnes", "pour lutter contre le chômage de longue durée". Ou encore "pour lutter contre l'exclusion du marché du travail qui frappe les salariés de plus de 45 ans, les Régions mettront en place un plan régional de formation permanente pour les adultes." Et s'ajoutent à ces mesures contre le chômage les emplois tremplins pour les jeunes, nouvelle mouture des emplois-jeunes dont le PS évite de prononcer le nom.

Même timidité en matière de logement qui, avec l'emploi, constitue pourtant le problème essentiel pour les plus démunis. Rendant visite à une exposition intitulée "Pauvre de nous" montée à l'initiative d'Emmaüs, la fondation de l'abbé Pierre, François Hollande a déclaré que le PS voulait faire de cette question "un combat national". Ce "combat" semble se limiter à quelques déclarations d'intention, concernant entre autres la lutte pour "éradiquer le saturnisme en cinq ans" ou encore la mise en place par Delanoë d'un prêt sans intérêt pour Paris, pour permettre l'accession à la propriété. La mesure est plus destinée à favoriser les classes aisées que les plus pauvres. Et tout est à l'avenant.

Bien malin qui peut trouver dans les différentes propositions du PS, ou dans les prestations de ses responsables, de quoi susciter, non pas même l'enthousiasme, ne soyons pas trop exigeant, mais des raisons de voter pour les listes qu'il dirige.

Il eût été pourtant facile, même en huit courtes pages, de montrer à l'électorat populaire que le PS voulait changer des choses. Sans même parler de l'interdiction des licenciements ou de la levée du secret commercial et bancaire, le PS et ses alliés d'aujourd'hui et de demain auraient pu dire qu'ils s'engageaient à abroger immédiatement, s'ils reconquéraient la majorité, les lois contre les travailleurs prises depuis deux ans par le gouvernement Chirac, Raffarin, Fillon, Sarkozy: les lois de démolition des retraites de Fillon, les inquiétantes lois Sarkozy-Perben, les mesures de destruction du système de santé que Mattei et son gouvernement se préparent à mettre en place. Toutes choses que le PS et l'opposition parlementaire critiquent, du bout des lèvres il est vrai.

Il aurait pu dire, en réponse à l'interpellation de l'abbé Pierre, que même s'il ne l'avait pas fait quand il avait la majorité au Parlement, il s'engageait maintenant à appliquer l'ordonnance de 1945 permettant la réquisition des logements vacants.

Oui, il pourrait au moins dire cela. D'autant qu'il est aujourd'hui dans l'opposition, et qu'à ce titre, il est en position de dire sans rien faire.

Mais s'il ne le dit même pas, c'est qu'il est plus responsable vis-à-vis des riches et des possédants, des patrons, que vis-à-vis de l'électorat populaire dont il brigue les suffrages

Et pourtant, revenir sur des lois votées par ses prédécesseurs, cela s'est déjà fait. La droite, devenue majoritaire, ne s'en est pas privée. Elle a supprimé, tambour battant, toutes les lois dont la gauche se flattait, comme cette loi de modernisation sociale qui ralentissait un tout petit peu la procédure des plans sociaux, ou la loi dite Hue, qui permettait que les autorités puissent demander des comptes sur l'utilisation des fonds publics accordés aux patrons du secteur privé. Comme quoi la droite n'a pas, elle, les scrupules de la gauche parlementaire.

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