Carcoustics (Mulhouse) : En grève26/02/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/02/une1856.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Carcoustics (Mulhouse) : En grève

À Illzach près de Mulhouse, Carcoustics, anciennement Illbrück, entreprise de 72 salariés dont plus de la moitié sont affectés à la production, est spécialisée dans les mousses insonorisantes pour portières de voiture. Réputée pour ses conditions de travail infernales dans des ateliers surchauffés, à l'atmosphère chargée de gaz toxiques, et pour la longueur de ses postes, la société l'est aussi pour des méthodes directoriales souvent irrespectueuses.

La direction de l'entreprise a décidé de délocaliser son usine d'Illzach vers Belfort, délocalisation de 43 km, pour toucher cadeaux, subventions et exonérations de charges que le Conseil général et le Conseil régional du Territoire-de-Belfort mettent à la disposition du patronat.

Sans aucun scrupule, outre cette délocalisation en elle-même scandaleuse, la direction veut l'imposer sans dédommagement conséquent pour les ouvriers puisqu'elle ne propose que 4 euros d'indemnité de déplacement par jour durant quatre mois! Evidemment, le patron n'envisage pas une seconde de proposer un bus gratuit.

Les travailleurs de Carcoustics se sont donc mis en grève illimitée lundi 16 février, avec piquet pour empêcher les camions de sortir les stocks. Pour ceux des travailleurs qui suivraient cette délocalisation, les revendications des grévistes consistent en une augmentation de salaire de 300 euros pour les frais de transport et la prise en charge des surcoûts engendrés par la perte du régime local de la Sécurité sociale. Ce régime local assure aux travailleurs alsaciens 90% de remboursement de frais médicaux, 100% de remboursement sur les frais hospitaliers, le paiement des trois jours de carence en cas de maladie et deux jours de congés payés de plus que dans le reste de la France. Pour ceux d'entre eux qui ne pourraient ou ne voudraient pas suivre cette délocalisation, les principales mesures exigées sont une prime de licenciement de 15000 euros, une prime de formation de 3000euros, plus un examen des mesures d'âge pour les salariés ayant commencé à travailler à 14, 15 ou 16 ans.

Cette lutte a eu un certain écho dans les médias locaux, écho généralement fait de morgue envers les ouvrières et les ouvriers et de servilité à l'égard de la direction. Ces "reportages", la pression de la police et de la gendarmerie, les bassesses d'une direction qui ne recule devant pas grand-chose pour arriver à ses fins, ont ajouté à l'exaspération des travailleurs de Carcoustics. Plusieurs d'entre eux traitaient leur patron de voyou. Et un patron qui cherche à se débarrasser ainsi de ses ouvriers en CDI avant de délocaliser 43 km plus loin, toucher les subsides de la Région et de l'État, et réembaucher en précarisant au maximum le travail en atelier, quel autre qualificatif mérite-t-il?

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