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Grève des employés de banque aux Antilles-Guyane : Détermination des grévistes
Aux Antilles et en Guyane, les grévistes des banques AFB (Association française des banques) en sont à leur 7esemaine de grève. Ils continuent à se battre contre la suppression de la convention collective Antilles-Guyane signée en 1977, plus avantageuse pour eux, au profit d'une nouvelle convention "nationale". Toutes les banques sont donc fermées ou du moins non ouvertes au public, à l'exception du Crédit agricole et de la Bred qui ne font pas partie de l'AFB.
Après une première rencontre de délégués de l'AFB venus en Guadeloupe et leur départ précipité en pleine négociation, l'AFB a exigé des grévistes qu'ils viennent négocier en France, ce que ces derniers ont refusé en exigeant des représentants de l'AFB qu'ils viennent aux Antilles. Depuis, le gouvernement a désigné un médiateur, Bernard Maurin. Il a rencontré les délégués des grévistes le 29 janvier. Mais lui aussi semble faire la sourde oreille aux revendications des grévistes. Ce soi-disant médiateur n'en est pas un et fait la politique des patrons des banques. Il veut tout simplement imposer la convention collective nationale et ne rien entendre au maintien des avantages acquis. Il est reparti le lundi 2 février, puis l'AFB a adressé à l'intersyndicale interdépartementale un courrier qui a tout l'air d'un véritable ultimatum. Elle accuse la délégation syndicale de rester figée sur ses positions et propose d'enlever deux points de la liste des revendications... Or ces deux points sont: le maintien des avantages acquis et le paiement des jours de grève. Les deux points les plus importants! L'AFB se moque du monde. Qui plus est, elle donne à la délégation syndicale et gréviste jusqu'au 6 février pour se décider; sinon elle négociera, dit-elle, département par département.
Les grévistes et une bonne partie des travailleurs antillo-guyanais ont très justement ressenti l'attitude de l'AFB comme méprisante et insultante. Eux aussi ont donc durci le ton. Et comme le disait il y a quelques jours un représentant des grévistes: "À la limite notre lutte maintenant n'est même plus liée à des questions d'argent, de prime ou autre avantage, c'est une question de dignité, d'exigence de respect face à ces requins de la finance de Paris".
En fait c'est le PDG de la BNP-Paribas qui est le véritable chef d'orchestre patronal. C'est la BNP qui dirige l'AFB et c'est elle qui se montre la plus hargneuse contre les grévistes. Cette banque a retiré dès le mois de janvier l'intégralité des jours de grève et les grévistes ont reçu une fiche de paie de 36 euros, voire de 0 euro.
Alors loin d'abattre les grévistes, cette attitude les renforce dans leur détermination. Ils maintiennent les piquets de grève devant toutes les banques en dépit des assignations en justice les condamnant à payer des sommes folles par jour de présence devant les entrées des banques. Les grévistes ont déjà bloqué les entrées sud de Pointe-à-Pitre et créé un gigantesque embouteillage, puis a suivi une opération escargot réussie. Une manifestation de rue s'est déroulée aussi à Basse-Terre. A Fort-de-France, le 24 janvier, une intersyndicale regroupant la plupart des organisations syndicales de Martinique a appelé à une manifestation de solidarité. Un peu plus de 200 manifestants ont défilé dans les rues aux cris de "Ne touchez pas à notre retraite, solidarité avec les employés de banques" ou encore "Non aux licenciements à l'hôtel Marouba". Le mercredi 28 janvier l'intersyndicale a tenu aussi un meeting dynamique.
En Guadeloupe, les grévistes ont prévu d'aller rencontrer leurs collègues du Crédit agricole et de la Bred pour les sensibiliser aux raisons de leur lutte. On parle d'une éventuelle entrée en grève de ceux du Crédit agricole et de la Bred. Vendredi 6 février, une journée d'action générale de solidarité était prévue par la CGTG. C'est aussi ce jour-là que le tribunal devra statuer sur l'assignation de l'AFB par les grévistes car ces derniers affirment que la dénonciation de la convention collective Antilles-Guyane par l'AFB ne s'est pas faite dans les règles. Le syndicat nationaliste UGTG annonce quant à lui une journée d'action pour le 5 mars. En tout cas, la lutte continue.