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- Lutte ouvrière n°1853
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Dans les entreprises
Caisse Vieillesse (Paris 19e) : Contre les surcharges de travail, débrayages à répétition
A la CNAV (Caisse nationale d'Assurance vieillesse), le mécontentement du personnel, cadres compris, ne cesse de se manifester depuis quelques semaines.
Déjà, à l'automne dernier, les techniciens-conseil qui travaillent dans les agences locales de la Région parisienne avaient débrayé massivement à deux reprises pour dénoncer les conditions de travail liées au manque d'effectif. En effet, ce sont eux qui sont en contact direct avec les futurs retraités. Et depuis l'effet d'annonce concernant les moins de 60 ans ayant commencé à travailler très jeunes, les techniciens-conseil sont assaillis de demandes. Pour lâcher du lest devant leur mécontentement, la direction, empêtrée dans la mise en place de la réforme Fillon des retraites, avait consenti une prime de 4%. Cela avait été jugé nettement insuffisant par le personnel des agences locales, car tous réclamaient fermement le recrutement de personnel en urgence pour faire face au surcroît de travail. En décembre, les assistants techniques (chargés de la formation des techniciens-conseil) ont débrayé à leur tour pour une augmentation de salaire. Puis les techniciens du Compte-Retraite (c'est-à-dire les employés qui préparent le paiement des retraites) débrayaient aussi pour réclamer des effectifs supplémentaires et une augmentation de salaire.
Dans la même journée du mardi 27 janvier, ce sont trois secteurs différents qui ont débrayé, à des heures différentes mais pour des raisons voisines: contre les conditions de travail déplorables, et pour des embauches de personnel.
Dans un tract que les techniciens du Compte-Retraite ont distribué début janvier à l'ensemble du personnel de la CNAV, ils expliquaient que le retard dû au manque d'effectif était tel que de nombreux assurés risquaient de ne pas être payés en temps et en heure. Aujourd'hui, c'est le cas.
Le personnel -et maintenant les assurés- font donc les frais de la politique de restriction d'emplois que la CNAV a mise en place depuis une quinzaine d'années. La modernisation dont la direction de la CNAV a plein la bouche a signifié, comme partout, rigueur budgétaire sur les salaires et non-renouvellement du personnel qui partait.
La création, ces dernières années à Paris et en banlieue, d'agences locales pour décentraliser le secteur retraites-pensions, a été réalisée sans embauche, uniquement par mutation. En conséquence, les secteurs de la Caisse restés au siège, rue de Flandre à Paris 19e, croulent sous le travail. Parallèlement, les embauches se sont effectuées au compte-gouttes, et n'ont jamais compensé les départs. Sans compter que l'application des 35 heures s'est faite "à budget constant", c'est-à-dire quasiment sans embauche, uniquement par redéploiement, en surchargeant un peu plus tout le monde.
Mais aujourd'hui, la surcharge de travail devient insupportable. Et aux multiples problèmes récurrents -modifications incessantes de législation sur la retraite, introduction chaotique de nouveaux outils informatiques... - se sont ajoutées les conséquences de la réforme des retraites de Fillon. Direction et gouvernement n'ont quasiment rien prévu pour faire face à ce surcroît de travail, et ça coince.
Et chacun craint que, ces prochaines années, la montée en charge liée au "papy-boom" se fasse dans les pires conditions: le nombre de personnes partant en retraite va considérablement augmenter... y compris à la CNAV, où les départs vont s'accélérer.
Le climat de mécontentement gagne donc tous les secteurs de la CNAV les uns après les autres, y compris les cadres. L'idée qu'il faudrait tous rentrer dans la danse de la contestation fait son chemin. Et même si les syndicats de la CNAV ne font pour l'instant qu'accompagner le personnel mécontent, l'élargissement des mouvements à l'ensemble de la Caisse est une idée qui commence à s'installer dans les esprits