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Leur société
Sanofi à l'assaut d'Aventis : La seule santé qui les intéresse... celle des actionnaires!
Lundi 26 janvier, Sanofi-Synthélabo, le deuxième groupe pharmaceutique français, a lancé une "offre publique d'achat" contre le n°1, le groupe Aventis, issu de la fusion il y a cinq ans des groupes Hoechst et Rhône-Poulenc. Si cette opération financière aboutissait, le nouveau groupe qui en serait issu serait à la fois la première entreprise pharmaceutique européenne et le troisième trust pharmaceutique à l'échelle mondiale. Mais cette opération financière n'améliorera que la santé des actionnaires de ces groupes, pas celle des malades.
Les groupes pharmaceutiques aiment en général à mettre en avant le caractère "utile" pour tous de leur activité, mais dans toute l'opération en cours il n'est question que d'objectifs financiers ou boursiers. Ce qui importe aux dirigeants des deux entreprises est d'abord le bénéfice que pourront en tirer les actionnaires. Il est question de la "taille critique" que les mastodontes industriels doivent atteindre pour ne pas être piétinés par leurs concurrents. On discute les avantages qu'ils peuvent tirer financièrement, ou en termes de productivité, des "économies d'échelle" que permet la concentration industrielle. Mais personne n'évoque l'idée que cela pourrait permettre, si le système capitaliste ne marchait pas sur la tête, de produire quasi gratuitement tous les médicaments nécessaires à toute la population mondiale. C'est pourtant cela que devrait permettre le fait que deux groupes de cette taille mettent en commun leurs compétences. Et c'est cela qui serait vraiment bénéfique à toute la population.
Mais du côté de Sanofi comme d'Aventis, on ne communique que pour séduire les boursicoteurs. Sanofi fait les yeux doux aux porteurs d'actions Aventis et propose de les racheter un peu au-dessus du cours actuel. Et Aventis rétorque: Ne vendez pas, vous serez perdants, nos actions valent plus que cela.
Avec des groupes comme Total ou L'Oréal parmi les actionnaires de Sanofi, on est assuré que cette opération a été discutée entre la poignée d'administrateurs qui siègent dans la plupart des grands groupes industriels et financiers et qui sont en réalité le vrai gouvernement du pays. Non seulement L'Oréal l'a fait savoir par un communiqué de presse, mais Fourtou, l'actuel PDG de Vivendi Universal et auparavant PDG d'Aventis, a été consulté et a donné son accord à la fusion projetée.
Aventis en est maintenant à consulter les banques qui lui sont liées et qui sont censées l'épauler, soit pour accepter la fusion envisagée avec un renchérissement financier, soit pour la contrecarrer, selon ce que ces messieurs auront choisi dans le secret des conseils d'administration.
On ne tardera pas à savoir ce qui sortira de cette nouvelle partie de Meccano industriel. Une seule chose est sûre: dans cette affaire, les intérêts des malades comme ceux des salariés des groupes en question n'entrent pas en ligne de compte. Il n'est question que de la santé des actionnaires et, bien sûr, d'abord celle des plus gros.