Rapport sur l'assurance-maladie : Vers des économies aux dépens des assurés29/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1852.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rapport sur l'assurance-maladie : Vers des économies aux dépens des assurés

Le "Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie" formé en octobre dernier par Raffarin, et réunissant 53 représentants syndicaux et patronaux, hommes politiques et hauts fonctionnaires, a remis son rapport le 22 janvier. Sans surprise, celui-ci apporte une voix supplémentaire à la campagne pour la future "réforme" -c'est-à-dire les futures attaques- du gouvernement.

Comme d'habitude, avant d'entreprendre une offensive majeure contre le niveau de vie des salariés, le gouvernement prépare longuement les esprits à l'aide de tels rapports de prétendus experts.

Le rapport commence donc par un constat: le système de santé serait "en grave difficulté". "Trop coûteux", il appellerait "plus de rationalité et d'économies". Mais pour croire à la sincérité de ces cris alarmés, on attend que des rapports similaires soient publiés sur le budget de l'armée, par exemple, qui engloutit chaque année en pure perte l'équivalent de cinq fois ce déficit de la Sécurité sociale...

Pour ce qui est des mesures à prendre, le rapport ne s'avance sur aucune proposition concrète, mais suggère des "pistes d'action" qui, comme par hasard, vont toutes dans le même sens: celui de l'affaiblissement de la protection sociale et de son renchérissement pour les travailleurs. Et bien évidemment, le ministre de la Santé, Mattei, a immédiatement salué les conclusions du Haut Conseil et dit "rejoindre son analyse".

En effet, au-delà des sempiternelles grandes phrases sur la "qualité" et la "préservation" du système de santé, le rapport pose la question sans ambage: "A quelles pathologies, à quels traitements et sous quelles conditions doit-on prioritairement consacrer le financement socialisé?". Autrement dit, étant posé une bonne fois pour toutes que la Sécurité sociale ne doit pas faire face à tous les besoins médicaux, discutons de la façon dont il convient de répartir la misère. La simple idée de faire payer le patronat, ne serait-ce qu'en cessant de lui accorder chaque année des milliards d'exonérations de cotisations sociales, ne semble pas effleurer une seule seconde les membres du "Haut Conseil". C'est donc une fois de plus aux travailleurs qu'on demandera de mettre la main à la poche, même si on hésite encore pour savoir comment. Mais que le gouvernement opte pour la hausse de la CSG ou pour celle des cotisations (ou même les deux à la fois!) est évidemment secondaire.

Quant aux hôpitaux, pas un mot sur les insuffisances criantes de lits, de personnel et de moyens! Tout au contraire, le rapport pointe du doigt "la trop grande lenteur avec laquelle les moyens sont redéployés" et réaffirme la nécessité de poursuivre les restructurations. Six mois après la catastrophe de la canicule et ses milliers de morts, il fallait oser.

Ainsi, même si ce n'est qu'après les élections régionales que Fillon dévoilera précisément ses batteries, le sens général des mesures qu'il proposera ne fait aucun doute. Il s'agira, comme le dit le rapport en termes choisis, d'opérer une "gestion plus active et critique du périmètre des biens et services de santé pris en charge par l'assurance-maladie". Cela afin de laisser une place accrue aux organismes privés (mutuelles ou assurances) pour ceux qui pourront... se les payer.

Alors, que les représentants du gouvernement et du patronat signent un tel rapport, après tout, c'est dans l'ordre des choses. Ce qui est plus inquiétant, c'est que les dirigeants syndicaux, de la CGT à la CFDT en passant par FO, aient tous endossé ses conclusions comme un seul homme. Même si certains d'entre eux se sont à demi démarqués des conclusions du rapport une fois celui-ci rendu, cette attitude ambiguë augure bien mal de leur volonté de résister fermement aux futures attaques.

Pour défendre leur protection sociale, les travailleurs ne devront compter que sur eux-mêmes.

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