Les annonces de licenciements d'entreprises florissantes, uniquement pour augmenter le rendement des actions, sont devenues une rubrique tellement banale qu'on en apprend chaque semaine, et parfois chaque jour, de nouveaux.

Le cas de Kodak est particulièrement exemplaire. Le groupe ne manque pas d'argent puisqu'il prévoit d'investir trois milliards de dollars pendant trois ans afin de mieux s'implanter dans les technologies numériques. Le chiffre d'affaires a augmenté de 4% en 2003 et atteint 13,3 milliards de dollars. Les bénéfices, en recul, atteignent tout de même 265 millions de dollars.

La firme américaine a déjà supprimé 22000 emplois depuis 2001. Mais le PDG veut continuer à faire des économies sur le personnel en réduisant ses effectifs de 20%.

Kodak emploie actuellement 64000 salariés dans le monde. Après en avoir licencié à nouveau 12000 à 15000, il n'en resterait plus à la fin (si c'est la fin!) que 50000 environ.

Et comme il faut tout de même verser quelques indemnités pour les futurs licenciés, le PDG prévoit des provisions de 1,3 à 1,7 milliard de dollars.

Pour Kodak comme pour tous les autres patrons dans ce cas, il n'y a pas la moindre hésitation entre les bénéfices d'une poignée d'actionnaires et le sort de dizaines de milliers de travailleurs. Ces patrons sont des dangers pour la société. Leur avidité n'a pas de bornes, leurs ravages non plus.