Elections Régionales - PS : La mémoire courte des dirigeants socialistes29/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1852.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Elections Régionales - PS : La mémoire courte des dirigeants socialistes

"Le temps du réveil a sonné. Dix mois de casse, ça suffit!", a déclaré Jack Lang lors du meeting des responsables du Parti Socialiste. Hollande, lui, a parlé de "mettre un coup d'arrêt" à la politique d'un gouvernement "qui mérite la sanction". Quant à Fabius, l'ex-ministre de l'Economie, il s'en est pris à ce "gouvernement de droite qui est en train de réaliser la plus forte régression sociale qu'on ait connue depuis la Libération. Tout y passe: le contrat de travail, les conventions collectives, l'indemnisation du chômage, le RMI, le droit à la retraite. La droite veut maintenant étendre cette régression à la Sécurité sociale et à l'assurance maladie". Et de conclure: "Ne la laissons pas tout démolir"!

Ah! que dans l'opposition les dirigeants du PS se découvrent un langage radical! Mais la régression sociale ne date pas de mai 2002, quand Chirac a été élu avec, entre autres, le soutien du Parti Socialiste. Même si les attaques contre les travailleurs se sont poursuivies et approfondies au même rythme que les cadeaux au patronat, la voie avait été ouverte par les précédents gouvernements. Qu'ils aient été de gauche ou de droite, ils n'ont eu de cesse, sous prétexte soi-disant de "redresser l'économie" ou de "lutter contre le chômage", de répondre aux désirs du patronat, dans le sillage de la politique menée par leurs prédécesseurs.

Fabius reproche à ce gouvernement de remettre en cause le code du travail, qu'il présente comme un modèle. Mais c'est oublier d'une part que ce code, qui réglemente les conditions dans lesquelles se fait l'exploitation des travailleurs par le patronat et accorde des droits aux syndicats, n'a eu des articles favorables aux travailleurs qu'à la suite de luttes, comme en 1936 et en bien d'autres occasions. Et le PS ne s'est pas privé lui-même de remettre en cause les droits des travailleurs; les lois Aubry, dites des 35 heures, par exemple, ont surtout instauré la flexibilité des horaires de travail et l'annualisation des salaires, en même temps que les 35 heures.

Les attaques contre les retraites sont un autre exemple de la continuité d'une politique, indépendamment des étiquettes de ceux qui sont au pouvoir. En 1991, dans son Livre blanc sur les retraites, Rocard, alors Premier ministre, préconisait un allongement de la durée des cotisations et un élargissement de la période de référence pour le calcul du montant de la retraite (ce qui amène obligatoirement une baisse), de même qu'il se disait favorable à la création de fonds de pension gérés par les entreprises. Arrivé au pouvoir en 1993, Balladur s'empressa de reprendre ce programme et de l'imposer au privé. Si Juppé ne put étendre ces attaques à la fonction publique, ce ne fut pas faute d'avoir essayé, mais bien parce que la grève de novembre-décembre 1995 le força à reculer. Et quand Jospin était au gouvernement, à partir de 1997, qu'est-ce qui l'aurait empêché de revenir sur les mesures de Balladur et de ramener la durée de cotisation à 37,5 annuités? Et alors que Raffarin a réussi à imposer la même régression à l'ensemble des travailleurs en l'étendant à la fonction publique au printemps dernier, pourquoi les socialistes ne s'engagent-ils pas à annuler ces mesures, s'ils reviennent au gouvernement?

Ils ne le font pas parce qu'en réalité ils approuvent ces mesures et les ont même en partie inspirées. Alors qu'ils étaient au gouvernement, les socialistes, tout comme la droite, n'ont fait qu'accéder aux souhaits du grand patronat en lui laissant les mains libres pour mener des attaques tout azimut contre la classe ouvrière et pour s'enrichir encore plus avec l'argent volé aux plus démunis. Alors, quel crédit les travailleurs peuvent-ils accorder aux Fabius, Lang ou Hollande quand, pour les besoins d'une campagne électorale, ils dénoncent subitement cette "casse sociale" dont ils portent une grande part de responsabilité?

Partager