Elections Régionales : Le PCF dans le camp de Strauss-Kahn, Fabius, Hollande...29/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1852.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Elections Régionales : Le PCF dans le camp de Strauss-Kahn, Fabius, Hollande...

Le PCF se présentera donc aux élections régionales, dans une majorité de cas (14 régions sur 22) dans le cadre de listes d'alliance avec le PS. Cela ne signifie pas pour autant que pour les huit régions restantes il apparaîtra sous son identité politique.

Ainsi, dans la région Aquitaine, il a annoncé une "liste citoyenne et d'initiative communiste" que l'Humanité définit comme "une liste dont la particularité est d'être mise en partage, à égalité, entre des communistes et des acteurs du mouvement social".

Il en va de même en Ile-de-France où la liste présentée lundi 26 janvier au gymnase Japy à Paris ne se dit pas communiste, mais de "la gauche populaire et citoyenne", bien qu'elle soit conduite au niveau de la Région par la dirigeante nationale du PCF, Marie-George Buffet. Les têtes de section départementale se partageront entre communistes (Val-de-Marne, Seine-et-Marne, Val-d'Oise et Essonne) et non-communistes: un ancien secrétaire du SNES à Paris, le secrétaire du MRAP Mouloud Aounit en Seine-Saint-Denis, une militante de la Ligue des Droits de l'Homme dans les Yvelines. Claire Villiers, co-fondatrice de AC! (Agir contre le chômage!) sera co-animatrice de la liste au niveau de la Région, aux côtés de Marie-George Buffet, mais pas co-dirigeante car, affirme-t-elle non sans un brin de démagogie, "les gens aujourd'hui refusent d'être dirigés".

Au long des discours ponctuant le meeting d'ouverture de leur campagne, tous les intervenants, Claire Villiers et Marie-George Buffet incluses, ont souligné l'originalité de leur démarche. Pourtant elle est tout sauf inédite, puisqu'elle reprend celle pratiquée par le PCF lors des élections européennes de 1999, en panachant sa liste "Bouge l'Europe" de personnalités issues de "la société civile". On avait utilisé les mêmes qualificatifs: "inédite, colorée, variée".

Le résultat ne fut guère probant et avait abouti à l'élection de trois non-communistes sur six élus (quatre au bout d'un an, lorsque Hue, démissionnant du Parlement européen, céda sa place à Philippe Herzog). C'est donc pour les dirigeants du PCF devenu une habitude de s'effacer derrière une étiquette la plus vague possible, afin de se démarquer de la filiation communiste. Mais ce n'est pas forcément le choix le plus efficace pour remobiliser des militants et sympathisants qui y voient, pour beaucoup, la désertion du terrain sur lequel ils militent quotidiennement.

Dans cette alliance, les rôles semblent répartis. Devant le millier de participants du meeting, Claire Villiers a cherché à incarner une coloration contestatrice, avec des accents altermondialistes, voire même critiques de ce qu'elle a nommé la "gauche libérale molle", entendez par là le PS. A Marie-George Buffet est revenue la tâche de rappeler les réalités de la politique politicienne. Critique elle aussi du gouvernement de droite, accusant le reste de la gauche, c'est-à-dire ses anciens (et futurs) partenaires à qui elle reprochait de baisser les bras, elle conclut qu'il n'y avait "aucune ambiguïté" pour la liste qu'elle conduisait: "Pour nous au deuxième tour, nous avons choisi notre camp". Ce deuxième tour sera donc le moment des retrouvailles avec le PS, ou plus précisément à sa remorque, cela dans toutes les régions, celles où le PCF a conclu une alliance dès le premier tour comme celles où il attendra le second.

Mais ce ralliement sera pour y faire quoi? Claire Villiers et Marie-George Buffet se sont bien gardées de poser la moindre condition à leur partenaire du second tour. Les électeurs n'auront qu'à leur emboîter le pas pour faire au niveau régional la réédition de l'expérience de la gauche plurielle, et ils sont même invités, d'ores et déjà, à la refaire en 2007 lors de la future élection présidentielle. On ne sait pas si le candidat sera Hollande, Lang, Strauss-Kahn, Fabius, ou un des jeunes loups qui montrent leurs dents, mais on sait que ce ne sera pas un ami des travailleurs. C'est ce qu'ils appellent être réaliste.

Mais pour les travailleurs, battre la droite ne peut consister à la remplacer par des politiciens de gauche qui pratiqueront la même politique et qui, respectant le fait accompli, appliqueront les mesures de Fillon concernant les retraites, les lois sécuritaires de Sarkozy, les mesures de démantèlement de la Sécurité sociale de Mattei.

Marie-George Buffet a en effet clairement choisi le camp qui sera le sien au second tour des élections régionales. Elle s'y retrouvera en compagnie des Huchon, Fabius, Strauss-Kahn, Hollande. Mais ce camp-là n'est pas le camp des travailleurs.

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