Service minimum : Le droit de grève c’est de la légitime défense15/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1850.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Service minimum : Le droit de grève c’est de la légitime défense

Reprenant les déclarations de De Robien, le ministre des Transports, Chirac a reparlé, le 7 janvier, du service minimum en cas de grève, plus particulièrement dans les transports. Il a donné six mois au gouvernement pour aboutir à une «négociation» avec des directions syndicales et a déclaré «qu'à défaut d'accord, il appliquerait des procédures que la loi aura définies».

Chirac mise sur l'absence de réaction forte de certains syndicats, ce qui lui permettrait d'appliquer à la lettre le programme du Medef. Son dirigeant, Seillière n'a-t-il pas déclaré le 15 décembre à propos du service minimum: «Cela fait quarante ans qu'on en parle. Dans six mois, il faut une loi, si une négociation entre partenaires sociaux n'a pas donné de résultat».

Le ton est péremptoire. Le gouvernement et le patronat visent à amputer, voire à rendre inopérant, le droit de grève des salariés des services publics et, au-delà, de l'ensemble des travailleurs. Ils prétendent que les grèves sont trop nombreuses et pénalisent les usagers. Comme si le sort des usagers était leur premier souci! Si c'était le cas, ils ne réduiraient pas le personnel dans les services publics! C'est une manière d'inverser les rôles en se présentant comme des victimes aussi. Eux qui ont imposé à tous les salariés de travailler jusqu'à 62, 65 ans ont l'indécence de parler de la fatigue des travailleurs bloqués sur un quai de gare! Eux qui militent pour l'accroissement de la durée du travail feignent de s'inquiéter de la gêne des usagers!

S'ils se préoccupaient sérieusement des usagers, de la gêne de ceux des hôpitaux par exemple, qui doivent attendre pendant des heures dans les services d'urgence, ils auraient le moyen de montrer leur bonne foi en mettant fin à ce scandale. Au contraire, ils aggravent les restrictions budgétaires pour les services publics.

En fait, ce sont eux les fauteurs de grève et pas les travailleurs qui arrêtent le travail.

Car tous ces nantis qui vilipendent les grévistes ont du mal à imaginer que lorsque des travailleurs se mettent en grève, cela répond à des raisons impérieuses. Et il en faut pour choisir de perdre une partie de son salaire, sans parler des risques de sanctions.

Oui, la grève dans les transports ou ailleurs occasionne des difficultés pour d'autres catégories de travailleurs. Mais Seillière, Chirac et son gouvernement en parlent à leur aise, eux qui sont responsables des décisions calamiteuses qui ne laissent d'autre choix aux travailleurs que de se défendre par la grève. Eux qui bloquent les salaires, augmentent les cadences, licencient. Eux qui, en un mot, disposent de tous les pouvoirs et voudraient que les travailleurs n'en aient aucun, même pas celui de se rebeller.

Le service minimum est une manière de priver les salariés du droit de dire non aux agressions du patronat contre le monde du travail.

Des générations de travailleurs se sont battues durement, laissant des morts sur le pavé, pour imposer cette liberté de contester qu'est la grève. Dans certains pays elle est encore interdite et passible de prison. Ne laissons pas grignoter un des droits qui nous restent.

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