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Leur société
L’euro est fort... le pouvoir d’achat est faible
L'euro continue de grimper face au dollar, sa cote ayant dépassé l,27 dollar le 12 janvier. En un an, il a grimpé de près de 20%. Politiciens, économistes et industriels français lancent un cri d'alarme, s'inquiétant des effets «néfastes» que cet euro fort a sur les exportations. Alors que son cours était à 1,15 dollar, Raffarin trouvait déjà cela «préoccupant». Trichet, l'actuel gouverneur de la Banque centrale européenne, évoque l'impact négatif sur la compétitivité des exportations européennes. Et Strauss-Kahn, ex-ministre de l'Economie et des Finances du gouvernement Jospin, déplore que l'euro soit «trop fort par rapport au dollar, ce qui nuit à la croissance».
Tous ces gens-là se font l'écho des industriels français, et plus particulièrement des grands groupes, qui vendent entre un tiers et la moitié de leur production dans des pays de la zone dollar. Effectivement, les produits exportés coûtent plus cher à l'arrivée à cause du change, et risquent donc de se vendre moins bien. Mais après tout, les exportateurs français et européens pourraient baisser leurs prix et compresser leurs marges confortables, d'autant qu'ils gagnent en revanche sur les produits qu'ils importent. Ils n'en parlent évidemment pas, et s'inquiètent d'autant plus de ces cours élevés de l'euro que ceux-ci profitent à la concurrence américaine. Des entreprises américaines exportant régulièrement en Europe ont ainsi vu leur chiffre d'affaires augmenter l'an passé, de Coca Cola à Nike (+ 13%), en passant par Boeing ou Hewlett Packard.
Mais ils ne disent pas tout. Si les produits français se vendent plus cher sur les marchés américains à cause de la montée de l'euro, la logique voudrait que les prix des marchandises américaines, ou de celles fabriquées dans certains pays d'Extrême-Orient faisant partie de la zone dollar, baissent en France, tout comme le prix des matières premières et du pétrole, libellé en dollars. Au moins, les hausses de l'euro se traduiraient par un gain de pouvoir d'achat pour les salariés de la zone euro, ce qui pourrait avoir des effets bénéfiques pour eux et pour la fameuse «croissance».
On constate qu'il n'en est rien, loin s'en faut. Car si le coût de l'euro risque de faire perdre des marchés aux entreprises françaises, elles gagnent autrement plus sur le marché intérieur, au détriment des consommateurs; et elles souhaitent que cela dure, la seule «croissance» qui leur importe étant celle de leurs profits.