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Le grand débat sur l’éducation : La propagande et la réalité
Selon le ministère de l'Education nationale, le grand débat sur l'éducation serait un franc succès: plus de 14000 réunions se seraient déjà tenues sur les 15000 prévues, rassemblant des centaines de milliers de participants, variant de dix à deux cents selon les réunions. Relayant la propagande gouvernementale, la télévision a présenté une assemblée animée dans laquelle enseignants, parents et élèves abordaient différents thèmes, apportant des témoignages ou proposant des solutions pour améliorer le système éducatif. Et les responsables d'affirmer avec sérieux que toutes les remarques et suggestions seront prises en compte et aideront à mettre sur pied la réforme de l'éducation devant intervenir à la rentrée scolaire 2005.
La réalité n'a pas grand-chose à voir avec ce tableau idéal, où tous les «acteurs» marcheraient la main dans la main pour aider le gouvernement à rénover l'école. Déjà, dans la plupart des établissements, enseignants et parents ont manifesté leur désintérêt vis-à-vis des discours officiels vides de sens, soit en ne venant pas (un bon nombre de réunions n'ont pas pu se tenir, faute de participants), soit en attendant passivement que s'écoule le temps consacré à ce soi-disant débat. Les chiffres de deux cents participants avancés par le ministère ont été l'exception, s'ils sont réels, et correspondraient à des réunions regroupant tous les établissements scolaires d'un secteur. Dans la plupart des cas, les présents se comptaient sur les doigts de deux mains, officiels et animateurs compris.
Et puis, il y a eu aussi toutes ces réunions où le personnel gréviste du printemps dernier a dénoncé la politique du gouvernement, avant de quitter la salle. Ont-ils été comptabilisés comme des participants? Ils ont rappelé que nombre de problèmes que connaît actuellement l'éducation peuvent se résumer par le manque de moyens et que toutes les décisions prises par le gouvernement, qui vont dans le sens d'une aggravation des conditions d'enseignement, se font sans qu'on leur demande leur avis. Quand, pour tenter de se faire entendre, ils ont été contraints à faire plusieurs semaines, voire plusieurs mois de grève, le ministre de l'Education a refusé d'en tenir compte, et il a maintenu ses projets de suppressions de postes ou de transfert aux régions du personnel ATOS.
L'autosatisfaction des responsables de l'Education nationale à propos des résultats de ce «grand débat» ne masque pas la réalité.