Trois mois et six mois de prison ferme, agrémentés de trois ans d'interdiction du territoire: ce sont les peines réclamées par la procureure de la République pour un prévenu originaire du Bangladesh en situation irrégulière et un Malien, devant la 25e chambre correctionnelle de Paris, dite des comparutions immédiates. Interpellés par la police dans la nuit de la Saint-Sylvestre alors que les forces de l'ordre essuyaient des jets de projectiles divers, mis en garde à vue en compagnie de 41 autres personnes, ils ont nié devant le tribunal avoir lancé quelque objet que ce soit en direction des forces de l'ordre. Celles-ci d'ailleurs ne portaient contre eux aucune autre accusation que leur présence sur les lieux.

Les avocats commis d'office demandèrent en vain le bénéfice du doute. Il en faut plus, apparemment pour faire douter ce tribunal, qui a non seulement appliqué les demandes de peines et qui, de plus pour bien montrer sa détermination et son indépendance, a surenchéri en condamnant le second accusé à quatre mois ferme d'emprisonnement, au lieu des trois réclamés par la procureure. Une jeune Américaine en vacances à Paris, qui reconnut avoir trop bu et «jeté une bouteille qui n'a touché personne», eut un peu plus de chance en n'écopant que de trois mois avec sursis et quitta donc librement le tribunal. Deux jeunes gens de 20 ans, poursuivis pour violences sur des agents de la RATP au cours d'une bagarre dans le métro, furent condamnés à quatre mois de prison et à des dommages et intérêts.

Voilà quelques jugements bien vite rendus. Que tous ceux qui craignaient un développement immodéré du laxisme judiciaire se rassurent: 2004 sera bien dans la continuité de 2003...