États-unis : La course à la présidence est lancée15/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1850.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-unis : La course à la présidence est lancée

Le 19 janvier, réunis en assemblées, les électeurs Démocrates de l'État de l'Iowa diront lequel des neuf candidats déclarés de ce parti a leur préférence. Ce «caucus» ouvrira la saison des élections primaires au cours desquelles, sur plusieurs mois, les électeurs d'un parti, ou même tous les électeurs opèrent une sorte de pré-sélection parmi les candidats déclarés. Ensuite, au début de l'été, les conventions nationales décideront officiellement des candidats.

Ces «primaires» concernent essentiellement l'élection présidentielle de novembre 2004, et seulement le Parti Démocrate. Pour le Parti Républicain, bien que Bush n'ait pas annoncé sa candidature, personne ne doute qu'il se représentera et aucun concurrent n'est apparu au sein de son parti.

Parmi les candidats du Parti Démocrate, celui qui tient la tête dans les sondages est Howard Dean. Il n'avait aucune notoriété nationale jusqu'au début de sa campagne en 2002, où il s'est fait connaître en mobilisant ses partisans sur Internet, se positionnant comme ouvertement anti-Bush et acceptant même de se donner l'allure d'un opposant à la guerre en Irak, ce qu'il n'a pas vraiment été. Il avait seulement insisté pour que Bush obtienne d'abord l'approbation de l'ONU. Une fois la guerre terminée, il a même demandé une augmentation des effectifs engagés en Irak.

Dean a vraiment débuté sa carrière politique dans le petit État du Vermont (au tout Nord Est du pays), en en devenant gouverneur en 1991. Là, pendant 11 ans, il a mené une politique budgétaire conservatrice, se séparant de l'aile libérale de son parti. Et, depuis le 11 septembre 2001, il a soutenu l'ensemble des mesures de ce que Bush appelait sa politique «anti-terroriste».

Howard Dean n'a certes pas de mal à critiquer ses concurrents du Parti Démocrate comme membres de l'«establishment» de Washington. Celui que les sondages indiquent comme le menaçant en Iowa est Richard Gephardt. C'est une personnalité du Parti Démocrate, qui a été pendant dix ans le chef de file des élus de ce parti à la Chambre des Représentants. Il s'est fait le champion des leaders syndicalistes préconisant des mesures protectionnistes comme moyen de sauver les emplois. Après les attentats du 11 septembre, alors qu'il était dans l'opposition, il rencontrait le président Bush une fois par semaine. Et au moment de la préparation de la guerre contre l'Irak, il a rédigé en commun avec les hommes de la Maison Blanche la résolution que le Congrès allait voter, autorisant cette guerre.

Le troisième homme, le général à la retraite Wesley Clark, n'est pas vraiment issu des rangs du Parti Démocrate. Il a soutenu le Parti Républicain jusqu'à la candidature de Clinton en 1990. Un ami de Howard Dean a fait diffuser une cassette vidéo où l'on voit Clark participer, en 2001, à un dîner de gala pour recueillir des fonds pour ce parti, et y louer la politique de Bush.

Clark aussi essaie de prendre quelques distances avec la politique de Bush en Irak, mais il ne va pas plus loin que d'affirmer qu'il a eu des doutes au moment de la décision, et se garde de demander le retrait des troupes américaines de l'Irak. Ce général était le commandant en chef des forces de l'OTAN (en fait, les forces essentiellement américaines) qui menèrent la guerre du Kosovo en 1999, faisant des milliers de victimes parmi les civils, accélérant l'exode des Kosovars et ruinant les infrastructures de la Yougoslavie.

Il serait donc bien hasardeux de décrire ces éventuels candidats comme porteurs de politiques foncièrement différentes de celle menée par l'administration actuelle.

Mais si la concurrence ne porte essentiellement sur les idées et les programmes, elle n'en est pas moins féroce, notamment au stade actuel pour la recherche de soutiens: un journal américain indiquait que, lors des dernières campagnes électorales, le vainqueur des primaires était, dans 9 cas sur 10, le candidat ayant amassé le plus gros magot pour sa campagne. Et là, il paraît que c'est Howard Dean qui tient nettement la corde.

Les dépenses des candidats se hisseront certainement cette année encore à de nouveaux records: est-ce cela qui permet de dire que la démocratie est en progrès?

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