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- Lutte ouvrière n°1850
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Dans les entreprises
Air France Industrie Le Bourget (93) - Réparations : Vite et pas cher!
L'accident de Charm-el-Cheikh a mis en lumière la pratique de compagnies aériennes qui, pour réaliser des économies, font effectuer des contrôles a minima, par des entreprises basées dans des pays où la législation est moins regardante. Mais la recherche de la rentabilité dans l'entretien ou les réparations d'avions n'est pas le fait seulement de ces petites sociétés. A Air France, c'est même devenu une constante.
Dans les ateliers d'Air France, au Bourget, nous réparons les structures en nid d'abeilles et les inverseurs de poussée de différents types d'avions. Nous réparons également des entrées d'air, des volets, dérives, gouvernes ou directions.
Dans les années 1994-95, le PDG de l'époque, Christian Blanc, avait divisé Air France en Centres de résultats (CDR). Parmi ceux-ci, le CDR-AFI (Air France Industries) regroupait les ateliers de réparation d'Orly, du Bourget et de Toulouse, tandis que le CDR-AFM (Air France Maintenance) assurait la maintenance Air France à Roissy. Eh bien, on nous disait qu'AFM ne ferait pas systématiquement appel à AFI pour la réparation de ses avions, si elle trouvait moins cher ailleurs! Cette politique nous était présentée comme une évolution fatale et incontournable causée par l'Europe... alors qu'il s'agissait avant tout de rentabiliser au maximum la compagnie avant de la privatiser.
Depuis maintenant plusieurs années donc, Air France n'ayant plus le monopole de la réparation de ses avions, on nous demande d'être compétitifs si on veut garder son travail face à la concurrence. Cela veut dire être «moins cher» et «plus rapide» que les concurrents.
Une autre façon de réaliser des économies est de faire appel à la sous-traitance. Ainsi, dans les ateliers du Bourget, on peut voir des représentants des entreprises sous-traitantes circuler régulièrement dans les ateliers en compagnie des responsables d'Air France. Ils désignent les opérations qu'ils peuvent faire mais, même s'ils n'en ont pas toujours les moyens, il arrive qu'ils se voient quand même attribuer le chantier, Air France leur fournissant alors l'outillage nécessaire et les procédures adéquates. C'est ainsi qu'on a pu voir le mois dernier un représentant de l'entreprise Porte venir dans un atelier de petite mécanique et se faire expliquer le mode opératoire d'un travail par les ouvriers -voilà qui ne rassurerait pas les voyageurs, s'ils le savaient!
Ce qui compte avant tout, c'est que le travail soit fait vite et pour pas cher. Sans aller jusqu'à dire que la sécurité n'est pas respectée, la vitesse dans ce domaine n'est pas forcément synonyme de qualité...