Retraite anticipée des enseignants : L'administration condamnée02/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1848.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraite anticipée des enseignants : L'administration condamnée

Une vingtaine d'enseignants de Charente-Maritime, pères de trois enfants, ont obtenu le droit à une retraite anticipée en s'appuyant sur un arrêt de la Cour de justice européenne. Au nom de l'égalité entre les hommes et les femmes, celle-ci avait jugé illégal l'article du Code des pensions qui permettait aux seules femmes fonctionnaires ayant quinze ans de service et ayant élevé trois enfants pendant au moins neuf ans de partir avant l'âge de 60 ans.

Il leur a fallu se battre pour obtenir gain de cause. Ces enseignants étaient au départ une centaine à avoir fait une demande, que le rectorat de Poitiers avait jetée au panier, et la plupart n'avaient pas insisté. Maintenant, le rectorat craint que ces demandes ne se multiplient: "Imaginez que des profs veuillent partir dans des matières où on n'arrive déjà pas à pourvoir les postes existants", se lamente un responsable! Crainte justifiée, car beaucoup de fonctionnaires, en faisant leurs comptes, peuvent trouver plus avantageux de partir, s'ils en ont la possibilité, avant que le nouveau régime des retraites n'entre en vigueur, en 2004. Actuellement, pour partir en retraite avec 75% de son salaire, il faut avoir cotisé 37,5 ans; en 2008, il faudra 40,5 annuités. Alors, même s'ils perdent 2% de pension pour chaque année non cotisée, ils peuvent avoir intérêt à partir maintenant, du fait de l'allongement progressif du nombre d'annuités nécessaires pour une retraite à taux plein et de l'instauration d'une décote pour les années non cotisées. D'autant plus que si le nouveau régime accorde une bonification d'un an pour tout homme ou femme ayant élevé un enfant né avant le 1er janvier 2004, il l'assortit d'une réduction puisqu'ils devront avoir pris un congé (parental, de maternité ou de mise en disponibilité) d'au moins deux mois avant le huitième anniversaire de celui-ci.

À cela s'ajoute, pour les salariés de l'Éducation nationale, la lassitude de devoir effectuer un travail dans des conditions plus difficiles, et qui risquent encore de s'aggraver avec les suppressions de postes annoncées, notamment parmi les surveillants qui ne seront pas tous remplacés par les nouveaux assistants d'éducation, et le transfert à la région du personnel administratif et technique.

Alors tant mieux si, malgré sa mauvaise volonté, l'administration de l'Éducation nationale est obligée de s'exécuter et de permettre à ces enseignants, et peut-être à d'autres, de partir en retraite. Quant à pourvoir aux postes rendus vacants, il y a urgence à embaucher.

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