Prix de l'eau : Toujours aussi peu de transparence02/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1848.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prix de l'eau : Toujours aussi peu de transparence

Le dernier rapport de la Cour des comptes, publié en décembre, est consacré à la gestion des services publics d'eau et d'assainissement attribuée, entre autres, à des entreprises du secteur privé.

La Cour relève un léger "progrès" accompli dans la transparence de la gestion de l'eau ayant certainement permis de ralentir la hausse du prix de celle-ci ces dernières années. Entre 1990 et 1994, le prix de l'eau avait connu une augmentation de 50%, puis de seulement 16% entre 1995 et 2000. Cette même Cour des comptes reconnaît toutefois que trois grandes sociétés -Veolia (ex-branche eau de Vivendi), Suez et Saur (du groupe Bouygues) - dominent toujours près de 80% du marché, le reste étant confié à des régies municipales. Elle note dans son rapport que "l'absence de transparence sur le niveau des charges qui pèsent réellement sur le service constitue un obstacle au contrôle de la collectivité délégante [la collectivité territoriale], qui doit justifier le prix de l'eau tant auprès des élus qu'auprès des usagers".

Autrement dit, la mafia des grands groupes fait toujours la pluie et le beau temps dans ce secteur où le manque de transparence est la règle. Le marché de l'eau représente une manne de profits considérables pour leurs actionnaires. Aussi les vieilles pratiques illicites sont-elles toujours en vigueur: entente pour se partager les marchés, surévaluation des frais de gestion, hausse abusive de l'abonnement non lié au niveau de consommation, coûts des travaux prohibitifs sans aucun rapport avec la réalité, contrats comportant des clauses défavorables aux usagers, prorogation abusive des contrats pour éviter un nouvel appel à la concurrence pour l'exploitation du service de l'eau, etc.

Bien que le contrôle des collectivités territoriales et le pouvoir des maires se soient sensiblement accrus ces dernières années, grâce à un cadre juridique approprié, la Cour des comptes remarque qu'il est loin d'être parfait, par manque tant de personnels compétents que de coordination des services de contrôles, de procédures de vérifications efficaces, et aussi souvent du fait de l'absence de volonté politique de la part des collectivités territoriales, surtout quand celles-ci sont en liaison directe avec les trusts de l'eau.

La véritable transparence serait de permettre aux usagers, c'est-à-dire à la population, de vérifier les comptes de ces grandes compagnies, de contrôler leurs prétendus aménagements qu'elles font payer avant même qu'ils soient réalisés, de vérifier les charges, et surtout de leur ôter les moyens de s'enrichir sur le dos des usagers en développant un véritable service public de l'eau.

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