Qu'il s'agisse du tramway, du futur hôpital ou d'une compagnie aérienne, la mairie socialiste de Clermont-Ferrand accorde des millions d'euros au secteur privé, mais pour les habitants, c'est toujours plus d'impôts.

Comme dans d'autres grandes villes, les travaux pour la construction du tramway prennent de l'ampleur et gênent de plus en plus la circulation.

Sa mise en service prévue dans les premiers mois de 2006 risque bien d'être retardée suite à des protestations d'associations qui s'étonnaient que le futur tracé ne passe pas par la gare SNCF. Une commission d'enquête avait alors bloqué le dossier pendant plusieurs mois.

Finalement, les travaux ont pu démarrer. La construction du tramway a été confiée à la société Lohr de Strasbourg. Celle-ci vient de faire savoir qu'il faudra procéder à des essais pour contrôler la fiabilité des rames afin d'obtenir l'homologation préfectorale. C'est une dépense supplémentaire de trois millions d'euros. Pour des tests sur 19 rames qui rouleront 500 kilomètres, cela fait cher du kilomètre!

Serge Godard, le maire socialiste, vient de signer un tel contrat avec le PDG du groupe Lohr qui va toucher cette somme rondelette qui sera prise sur les ressources de la collectivité puisque c'est le Syndicat Mixte des Transports en Commun (SMTC) qui est son partenaire. En contrepartie de ce contrat juteux pour l'industriel, celui-ci s'engage à reverser à la ville de Clermont-Ferrand 300000 euros si... une autre ville fait elle-aussi la commande d'un tramway à cette même société.

La décision du gouvernement Raffarin de réduire considérablement les subventions aux transports publics pour toutes les grandes villes du pays n'a pas arrangé les choses. Elle oblige les municipalités à prévoir des hausses de tarif sur les transports et sur les impôts locaux. Mais il n'est jamais question de prendre sur les bénéfices des gros industriels.

On a eu un autre exemple de cette politique au détriment de la population avec l'affaire de la compagnie aérienne irlandaise Ryanair. Celle-ci pratique des bas tarifs et se vante d'une hausse de 38% de son trafic en un an. Elle reçoit des aides publiques dans les villes où elle s'est installée et obtient en plus des réductions importantes de ses redevances d'atterrissage.

Après avoir accepté de telles conditions, des villes comme Toulouse ou Toulon se rebiffent et refusent de continuer à servir de vache à lait. Alors, Ryanair réagit brutalement en fermant boutique comme à Charleroi en Belgique, à Strasbourg ou à Reims et menace d'en faire autant à Clermont-Ferrand, sauf si cette dernière ville lui accorde à nouveau des subventions!

Ryanair a reçu de Clermont-Communauté, de la région Auvergne, de la chambre de commerce 3,3 millions d'euros en mai, puis 750000 euros et, il y a deux mois, encore 128000 euros. Et pourtant, Ryanair veut supprimer la ligne Clermont-Ferrand-Londres prétextant qu'elle n'est plus assez rentable.

Quelques élus municipaux et régionaux, à gauche comme à droite, qui avaient voté toutes ces subventions, crient aujourd'hui au scandale et même à l'escroquerie. Mais aucun ne réclame que l'argent soit rendu.

L'activité de l'aéroport de Clermont-Aulnat risque de chuter avec des centaines de milliers de passagers en moins et la menace de suppressions d'emplois. Des dépenses importantes ont été engagées pour la construction d'un "hub" ou centre de transit. Maintenant tous les élus disent qu'il faut sauver l'aéroport. Il n'est donc pas exclu que la mairie accepte de remettre la main à la poche encore et toujours pour Ryanair.

Enfin, autre exemple d'aide au patronat: Michelin vient de vendre à la mairie le terrain de l'usine Estaing, l'une des plus anciennes usines à Clermont-Ferrand. Cette opération immobilière permettra la construction d'un nouvel hôpital, dont le pôle Mère-Enfant qui remplacera les services trop vétustes de l'Hôtel-Dieu, et regroupera enfin la maternité et les services de pédiatrie. Ce projet était attendu depuis des dizaines d'années.

Les seize hectares de terrain ont été vendus pour une somme dépassant dix millions d'euros. Mais Michelin ose se plaindre en prétendant que "cette opération n'est pas si intéressante que cela", parce qu'il aura quelques frais de déménagement de certains ateliers à l'usine de Cataroux. Bref, Michelin prétend qu'il a fait un sacrifice!

Mais concernant les habitants, la mairie socialiste cherche à récupérer tous ces millions donnés aux patrons. Elle vient d'annoncer qu'il faudra envisager une augmentation de la taxe des transports, mais surtout des tarifs voyageurs et des impôts locaux, dont la taxe sur les ordures ménagères et la taxe d'habitation. L'adjoint au budget répond aux critiques que le taux d'imposition moyen à Clermont reste un des moins élevés des grandes villes.

Accorder toujours plus d'argent aux patrons et industriels mais taxer la population, voilà la gestion de cette municipalité dite socialiste.