La "société de consommation" en panne ?02/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1848.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

La "société de consommation" en panne ?

Les statisticiens de l'Institut national de la statistique (Insee) ont sorti leurs chiffres de la consommation pour novembre dernier: ils sont mauvais puisque celle-ci a reculé de 2,8% par rapport au mois d'octobre et de 5,5% si on compare à novembre 2002.

La consommation de novembre est plombée, nous dit-on, par la baisse des achats de vêtements (-9,2%) et par le recul du secteur automobile (-10%). Et les quinze premiers jours de décembre n'ont pas montré un réveil de la consommation. La presse rapporte, au contraire, les commentaires des commerçants sur le comportement des consommateurs qui restent de marbre devant les promotions des fêtes de fin d'année: des baisses de 30 à 40% sur certains produits n'ont déclenché aucune fièvre acheteuse. Le secteur du jouet, qui réalise pourtant l'essentiel de son chiffre d'affaires au mois de décembre, serait même stagnant.

La statistique ou le commerçant ne font que vérifier ce que le salarié avait compris en regardant sa feuille de paie. Si on ne consomme guère, c'est que les salaires ne le permettent pas. Dans un pays où l'austérité salariale s'impose depuis plus de vingt ans, la consommation est freinée: elle progressait de 2,7% en 2000 mais seulement de 1,2% l'an dernier. Pourquoi en serait-il autrement quand on sait que la progression des salaires pique elle aussi du nez: en progrès de 4,1% en 1999, ils n'ont augmenté que de 1,5% en 2002. Et sur l'année écoulée, le salaire mensuel de base de l'ensemble des salariés n'a progressé que d'un demi-point. Pas de quoi faire des folies!

Partout, il n'est question que de salaires bloqués: la direction de la SNCF vient d'annoncer que les salaires des cheminots ne seraient pas revalorisés. Les salariés de la fonction publique ont perdu 4% de pouvoir d'achat par rapport à 1998.

Et le reste va dans le même sens. Par exemple, les hausses annoncées de cotisations des mutuelles, qui découlent des attaques contre la Sécurité sociale, ou la baisse des pensions qui se profilent à l'horizon ne sont pas là pour inviter à la dépense mais plutôt à l'économie.

Une augmentation générale des salaires serait nécessaire, non seulement pour permettre aux statistiques sur la consommation d'être meilleures, mais tout simplement pour permettre de vivre normalement de son travail. Cette augmentation devrait être au minimum d'un montant égal à ce qui a été perdu depuis vingt ans en pouvoir d'achat.

Évidemment, les grands argentiers de la Banque de France ne veulent pas en entendre parler, comme ils l'ont fait savoir le 22 décembre en déclarant qu'ils n'étaient pas favorables à une hausse des salaires. Ils sont à l'unisson du patronat et du gouvernement, qui font pression pour que le fameux "coût du travail" reste aussi bas que possible. Qu'ils ne s'étonnent donc pas si le consommateur se contente de se promener en famille en regardant les vitrines.

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