Hôpitaux : Les catastrophes sont annoncées, Mattei ferme les yeux02/01/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/01/une1848.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux : Les catastrophes sont annoncées, Mattei ferme les yeux

La sonnette d'alarme ne cesse de retentir dans les hôpitaux devant les catastrophes prévisibles causées par le manque de personnel et les politiques de restrictions budgétaires.

Après les multiples mises en garde des urgentistes, après la journée du 16 décembre appelée par l'ensemble des personnels de santé, ce sont les chefs de clinique des hôpitaux de l'Assistance Publique de la région parisienne qui renouvellent leur appel au secours à l'attention du ministre de la Santé, Jean-François Mattei.

En octobre, plus de 200 pontes de l'Assistance Publique lui avaient déjà écrit: "Nous vivons quelque chose que nous sentons aigu. Il arrive que de très grands services de l'AP-HP se retrouvent sans internes. Si cela se produit pour la médecine interne de Cochin, imaginons ce qui peut se passer à l'hôpital de Corbeil. Pour répondre à ces difficultés, il faudrait une volonté. Or, que trouvons-nous en face? Un discours lénifiant, d'adaptation, d'autant plus triste qu'il est écrit par un médecin".

La réponse du ministre-médecin a été conforme: quand les médecins des hôpitaux au bord de la catastrophe réclament l'augmentation du quota d'étudiants en médecine, Mattei refuse en prétextant n'importe quoi: "Quant à la hausse du numerus clausus, prudence: elle pourrait entraîner un appel d'air au détriment des autres filières scientifiques." Et quand les professeurs de médecine proposent de prolonger l'internat de 4 à 5 ans, Mattei refuse en faisant semblant de penser aux médecins libéraux: "N'oublions pas qu'en allongeant d'une à deux années la présence de futurs spécialistes dans l'hôpital, on retarde d'autant celle de leur installation alors même que de nombreuses régions de notre pays manquent de ressources, à l'hôpital certes, mais aussi en libéral."

De tous les hôpitaux arrivent, par centaines, des exemples de catastrophes évitées de justesse, de situations ingérables, de lits fermés, de personnel au bord de la déprime ou de l'épuisement, de malades dont les rendez-vous sont pris pour des mois après, d'urgences déjà en situation de catastrophe, de congés jamais pris, de gardes interminables, et Mattei palabre autour de la "gouvernance" de l'hôpital et recommande de la "prudence". Ce qui dans son langage, signifie: laisser la situation empirer dans l'attente de la prochaine catastrophe.

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