Libye : La quête des armes imaginaires continue25/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1847.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Libye : La quête des armes imaginaires continue

Georges Bush et Tony Blair n'ont pas leur pareil pour ce qui est de traquer des armes de destruction massives qui n'existent pas. Ainsi ont-ils annoncé qu'après neuf mois de discussions secrètes, la Libye s'engageait à détruire ses installations et ses programmes d'armes chimiques, biologiques et nucléaires. Cela leur a permis de triompher en affirmant que l'on peut «l'emporter de manière pacifique, à condition que les pays soient disposés à oeuvrer avec la communauté internationale pour démanteler de pareils arsenaux».

A vrai dire, l'arsenal libyen sera d'autant plus facile à démanteler qu'il n'existe que dans la propagande américaine. C'était d'ailleurs également le cas de celui de l'Irak. De l'aveu même d'experts américains, auxquels les Libyens ont trouvé quelques sites à faire visiter pour tuer le temps pendant ces neuf mois, la seule arme chimique dont dispose Kadhafi est constituée de stocks de gaz moutarde, celui que l'on utilisait en Europe pendant la guerre de 1914. Pas de trace d'arme bactériologique, et quant au programme nucléaire, rien qui permette de produire la moindre bombe atomique, tout juste quelques centrifugeuses. Mais ça ne fait rien. A défaut de démanteler des armes de destruction massive que la Libye ne possède pas, les USA et la Grande-Bretagne vont détruire celles que ce pays «était sur le point de produire».

Quant à Kadhafi, il a pu déclarer tranquillement avec Bush et Blair que «la Libye sera désormais en tête des pays qui oeuvreront pour que le monde soit débarrassé de toutes les armes de destruction massive», de toute façon il y a toujours eu beaucoup moins d'engins de destruction dans le désert libyen qu'en Israël, en France ou aux USA. Et il a ainsi «commencé à rejoindre la communauté des nations», comme dit Bush, c'est-à-dire celle des protégés des grandes puissances. Au terme de ce chemin, il peut même espérer pouvoir acheter un arsenal cent fois plus puissant que les quelques fusées démodées qu'il possède aujourd'hui. Les ministres et les hommes d'affaires de pays qui l'avaient mis au ban des nations se disputeront ses faveurs à coup de pots de vin. Les mots qui fâchent comme «dictateur», «terroriste» ou «armes de destruction massive» seront bannis. Ce ne sera plus que du commerce.

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