Rodomontade, méthode Coué, ou anticipation? L'Insee prédit le retour de la croissance dans les mois qui viennent et pour 2004. De toute façon, elle serait plutôt modeste, de l'ordre de 2%. Ces prévisions ont un air de déjà entendu.

Mais si l'Insee table sur le retour de la croissance, en revanche, il ne prévoit guère d'amélioration pour l'emploi. Le nombre de chômeurs devrait rester quasiment le même, aux alentours de 10% de la population active. Le petit mieux serait dû uniquement au remplacement du nombre limité de travailleurs qui, ayant commencé à travailler très jeunes, devraient partir à la retraite dans les mois qui viennent.

On peut déduire de ces prévisions qu'on produira davantage avec le même nombre de travailleurs. D'ailleurs l'Insee vend la mèche en écrivant: «Pour les trimestres à venir, l'assouplissement du régime des heures supplémentaires permettrait aux entreprises d'intensifier les processus de production». L'organisme de statistiques prévoit également que les demi-emplois que sont les contrats en alternance, les contrats jeunes en entreprise et le RMA pourraient également éviter de créer de véritables postes.

Cette croissance avec le maintien d'un nombre élevé de chômeurs, c'est la situation que les États-Unis connaissent actuellement. L'Insee prévoit qu'il ne faut pas s'attendre à ce que le pouvoir d'achat des salariés augmente. Mais si la production augmente sans que ni le nombre de travailleurs ni leurs salaires augmentent, cela signifie que les profits, eux, augmenteront.

L'Insee présente sa prévision de croissance en France de 2% pour 2004 comme un «Noël maigre» en comparaison des croissances américaine et japonaise. Ce Noël, pourtant, ne sera pas maigre pour tout le monde.