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Dans le monde
Italie : Le scandale Parmalat
Un scandale de grande ampleur secoue les milieux d'affaires italiens et oblige le gouvernement de Berlusconi à intervenir. Il touche le groupe Parmalat, numéro un italien de l'agroalimentaire, spécialisé dans le lait de longue conservation, dont les activités industrielles s'étendent aux domaines de la biscuiterie, des jus de fruits, fromages et yoghourts. Plus de 36000 salariés dépendent de ce groupe implanté dans trente pays.
Vendredi 19 décembre, Parmalat a dû révéler l'existence d'un «trou» de 3,95 milliards d'euros dans les comptes d'une de ses filiales domiciliée aux îles Caïmans, la filiale Bonlat. En effet, celle-ci avait fourni dans sa trésorerie un document indiquant l'existence d'un avoir de 3,95 milliards d'euros au crédit de Bonlat dans les comptes de la Bank of America. En fait, la banque américaine nie avoir disposé des 3,95 milliards et conteste l'authenticité du document censé le prouver. Le démenti de Bank of America a du même coup jeté le discrédit sur le cabinet d'audit, Grant Thornton, qui avait certifié les comptes de Bonlat pour l'exercice 2002 -ce qui a conduit la police à perquisitionner ses bureaux à Milan.
Où sont passés ces presque quatre milliards d'euros? Dans quelles poches se trouvent-ils aujourd'hui? Ont-ils même jamais existé? Le document censé les authentifier s'avérant être faux, quels pots de vin ont touché les experts du cabinet d'audit pour établir ces comptes frauduleux? On n'en sait rien pour l'instant, si même on le sait jamais. Mais la nouvelle de ce «trou» dans les finances a, dès vendredi 19, fait l'effet d'une bombe et provoqué une dégringolade de 66% de l'action Parmalat. L'affaire risque de ne pas en rester là puisque les grandes banques italiennes sont toutes, à un niveau ou un autre, impliquées dans ce dossier et ont des créances de centaines de millions d'euros dans la société.
Le flou le plus total semble régner dans les comptes du géant italien de l'agroalimentaire. Déjà, fin septembre 2003, Parmalat présentait vis-à-vis des banques et des porteurs d'obligations une dette qui s'élevait à 6,6 milliards d'euros. Mais on vient d'apprendre qu'en fait, il faut encore y ajouter 2,9 milliards d'euros liés à des remboursements d'obligations, ce qui porterait la dette totale à 9,5 milliards d'euros... au moment même où l'on apprend que les liquidités placées à la Bank of America n'existaient pas!
Le scandale financier pourrait conduire la société à une faillite comparable à celle que les États-Unis avaient connue en février 2002 avec la société Enron, entraînant dans sa chute des milliers de travailleurs qui avaient perdu et leur travail et leur retraite.
Et voilà comment dans un monde dominé par quelques grandes banques et groupes financiers, celles-ci font la loi et peuvent se livrer, hors de tout contrôle social, à toutes sortes de malversations et opérations financières illicites ou non, qui profitent certainement à quelques-uns mais sont susceptibles de remettre en cause, du jour au lendemain, les conditions de vie de millions de personnes.