Haïti : Les manifestations contre Aristide s’intensifient25/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1847.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : Les manifestations contre Aristide s’intensifient

Alors que le 1er janvier prochain, Haïti s'apprête à fêter le bicentenaire de son indépendance, acquise de haute lutte par les esclaves insurgés contre les troupes napoléoniennes et qui fit de ce pays la première république noire de l'histoire, ce pays s'enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Depuis plusieurs mois, partisans et adversaires du président Aristide s'affrontent presque quotidiennement dans les rues de la capitale Port-au-Prince et dans les principales villes du pays.

Nous reproduisons ci-dessous le point de la situation fait par nos camarades antillais de Combat Ouvrier, dans leur édition du 20 décembre

«Durant le mois de décembre, l'épreuve de force entre Aristide et l'opposition a pris une nouvelle dimension. Le 15 décembre a été marqué par un ralentissement des activités à Port-au-Prince, la plupart des écoles étaient fermées et les transports étaient rares. Durant la semaine, des appels à la grève générale ont été lancés par la «Convergence» (ramassis de vieux politiciens), et le «Groupe des 184» (des patrons auxquels se sont ralliés des représentants de l'Église, des politiciens, des artistes et des étudiants) pour réclamer le départ d'Aristide, dont le mandat ne doit théoriquement prendre fin qu'en 2006.

Dans l'entourage d'Aristide, les défections se multiplient. La ministre de l'Éducation a démissionné en dénonçant les brutalités exercées contre les étudiants quelques jours auparavant, Dany Toussaint, sénateur et ancien chef de la garde d'Aristide, a quant à lui renié le parti Lavalasse (parti d'Aristide) pour se rallier au «Groupe des 184», de même qu'un autre sénateur Lavalasse, Pierre Sonson.

Les représentants américains semblent également prendre leurs distances vis-à-vis du régime. Ils ont annulé le voyage d'une délégation et fermé leur ambassade pour répliquer aux attaques menées contre les étudiants par les «chimères», bandes armées et hommes de main pro-Aristide.

Le 5 décembre, les unités d'intervention de la police (Cimos) et des chimères ont fait irruption dans les facultés de Sciences Humaines et de Gestion pour bloquer le départ d'une manifestation anti-Aristide. Une trentaine d'étudiants ont été blessés par balles, des locaux saccagés; le vice-recteur ainsi que le recteur ont également été blessés. En riposte, les étudiants ont entamé une série de manifestations à partir du 11 décembre avec pour mot d'ordre le renversement d'Aristide (...). A Port-au-Prince, la manifestation du 11 a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes, derrière les étudiants, des leaders politiques et des membres du «Groupe des 184».(...) Dans l'après-midi, les Cimos et des chimères ont tiré sur la foule, faisant plusieurs blessés.

(...) Le lendemain, les pro-Aristide et les Cimos ont repris la situation en main, bloquant les rues avec des pneus enflammés avant même que les étudiants recommencent leur mouvement. Les manifestations suivantes ont été dispersées par les Cimos.

(...) Dans les usines, les ouvriers ont subi les choix politiques des patrons. Les pro-Aristide ont menacé de licenciement les ouvriers qui iraient manifester, tandis que ceux qui adhèrent au «Groupe des 184» essayaient de recruter les ouvriers pour manifester. Certains patrons ont même proposé de l'argent (l'équivalent de 6 euros) et un demi-sac de riz pour cela. Un autre a rassemblé des ouvriers dans la cour de l'usine, décorée de banderoles de l'opposition, et les a filmés; après le passage des images à la télévision, les ouvriers de cette entreprise ont été tabassés par les chimères.

(...) La bourgeoisie, après avoir bien profité d'Aristide, est décidée à se débarrasser de lui car sa dictature devient trop pesante, atteignant même les intérêts de la bourgeoisie. (...) Quelle que soit l'issue de ce bras de fer, les travailleurs ont intérêt à s'organiser et à défendre d'abord leurs propres intérêts. Ceux qui auront le pouvoir demain ne seront pas plus tendres à leur égard qu'Aristide, et défendront tout autant les intérêts de la bourgeoisie, de manière «démocratique» ou pas.»

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