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Annecy (Haute-Savoie) : Un nouvel hôpital en construction mais pas plus de crédits pour la santé
Début décembre, dans la banlieue d'Annecy, les notables locaux s'étaient donné rendez-vous pour la pose symbolique de la première pierre du nouvel hôpital. Celui-ci devrait ouvrir ses portes en 2007 et remplacer ainsi l'hôpital actuel du centre ville.
Dans le même temps, la CGT avait appelé à un rassemblement pour dénoncer la situation catastrophique des établissements publics de santé en Haute-Savoie, mais aussi les risques d'opérations immobilières liées à la libération des terrains de l'hôpital actuel, et exiger une utilisation sociale de ces terrains. Ceux-ci représentent en effet un ensemble de 8 hectares idéalement situés juste au-dessus du lac d'Annecy et en bordure de la très touristique vieille ville! Ils représentent également la dernière grande surface du centre ville rendue disponible à l'urbanisation: une cible de choix pour promoteurs et financiers de tous ordres.
De plus, compte tenu du désengagement de l'État, la vente des terrains pour plus de 28 millions d'euros est devenue le seul moyen d'assurer le financement du nouveau centre hospitalier. Tout pousse donc à la réalisation d'opérations immobilières, alors que ces terrains du domaine public devraient être utilisés pour les besoins immédiats de la population laborieuse. Ainsi, rien que pour couvrir les besoins urgents, il faudrait construire au moins 750 logements sociaux par an. Autre exemple, pour les structures d'accueil des personnes âgées dépendantes, les besoins immédiats sont de 800 places.
Ce désengagement de l'État concernant des moyens pour la santé publique se traduit en quelques chiffres: 4 millions d'euros de déficit pour l'hôpital en 2002, 2,5 millions en 2003 avec pourtant une dotation exceptionnelle. Le manque de personnel, lui, est estimé à 290 postes sur un total de 2200, avec ce que cela entraîne comme fermetures de lits toute l'année, avec un «pic» de 220 lits fermés en août et des attentes de deux jours aux urgences, en pleine canicule.
Ce manque de moyens, cela veut dire également un retard considérable pris dans l'équipement et le renouvellement du matériel médical, avec une situation scandaleuse en radiothérapie: actuellement les malades atteints d'un cancer doivent attendre parfois plusieurs mois un traitement ou faire des voyages quotidiens à Lyon ou à Genève (une convention spéciale ayant été prise dans l'urgence). Il n'y a plus actuellement que deux appareils en service sur toute la Haute-Savoie, l'un à la clinique générale d'Annecy, l'autre à la clinique d'Annemasse, le nouvel équipement de l'hôpital d'Annecy ne devant entrer en service qu'en février 2004. La situation est également intenable pour le personnel et les patients en psychiatrie où 30% des demandes d'hospitalisation ne peuvent être satisfaites; les lits de camp de l'armée sont la règle à l'établissement psychiatrique de Seynod.
La construction du nouvel hôpital ne réglera en rien le problème du manque de moyens, la capacité d'accueil sera même inférieure à celle de l'hôpital actuel, sous prétexte que la durée des séjours devrait être moins longue compte tenu des progrès des techniques médicales. Mais comme aucune structure supplémentaire de soins de suite n'est prévue en aval, cela risque de se faire au détriment des malades, en particulier des personnes âgées.