Chez Hutchinson à Chalette, près de Montargis, un ouvrier de la Préparation, éreinté, s'était assoupi quelques instants. Un chef l'a surpris et n'a rien trouvé de plus intelligent que de prendre une photo et de l'apporter au responsable, qui a décidé de licencier l'ouvrier.

Ils se croyaient très malins et ne se doutaient pas qu'ils allaient déclencher une grève de toute la Préparation, une grève bien embarrassante car cet atelier fournit le caoutchouc à tous les secteurs de l'usine. Tous les ouvriers de la Préparation, y compris ceux en contrat intérimaire, ont tenu à montrer leur solidarité avec leur camarade. Ils ont exigé l'annulation du licenciement et n'en sont pas restés là.

Car les problèmes sont nombreux dans cet atelier. Les conditions de travail y sont difficiles, on y respire à longueur de journée du noir de carbone et on est couvert de noir de la tête aux pieds. Les chefs multiplient les pressions et les marques de mépris. Les ouvriers ont demandé une augmentation des primes de noir et de douches, qui n'ont pas bougé depuis quinze ans, et une augmentation de salaire de 100 euros. Dans la journée du 11 décembre, ils ont fait le tour des ateliers, dont certains commençaient à manquer de matière première, et ont fait un petit crochet par les bureaux de la direction.

Un responsable s'est engagé oralement à annuler le licenciement, mais il voulait maintenir une sanction de cinq jours de mise à pied. Voyant la tournure que prenait l'événement, le chef regrettait d'avoir pris sa photo.

Le 15 décembre, la direction a écrit dans un tract, qu'elle a fait diffuser dans toute l'usine par les chefs, qu'elle annulait le licenciement mais qu'il y aurait une sanction. L'atelier restait toujours en grève, pour l'amélioration des conditions de travail et des salaires.