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- Lutte ouvrière n°1846
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Dans les entreprises
Chaffoteaux Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) : Une semaine de grève pour les salaires
Chez Chaffoteaux à Ploufragan, près de Saint-Brieuc, le mécontentement couvait depuis la rentrée -les horaires de modulation haute pesaient, cadences et pression des chefs aidant- en particulier depuis la réunion de délégués du personnel du 24 septembre dernier où la direction avait refusé de revoir les salaires pour 2003, alors que d'importants bénéfices étaient attendus.
À l'initiative de la CGT, majoritaire dans l'entreprise, et appelés par la section FO, plusieurs débrayages ont eu lieu fin novembre et début décembre, sans faire changer d'avis la direction, débrayages bien suivis (150 à 250 personnes arrêtant le travail une demie heure ou une heure par équipe, soit la quasi-totalité du personnel de production dans une usine qui compte aujourd'hui 635 salariés). La revendication de 100 euros avancée par la CGT semblait convenir à la majorité du personnel (250 euros pour FO). Si ce n'était pas vraiment la colère, il s'agissait de "marquer le coup".
A l'issue de la réunion annuelle sur les salaires, le 4 décembre, les choses se sont accélérées: ces résultats (2,5% d'augmentation pour les ouvriers, 1,5% pour les ETAM) ont été jugés insuffisants par tout le monde, mais seule une minorité de travailleurs était pour démarrer la grève.
Le lundi 8 décembre, sans attendre un rassemblement prévu à 8 heures, une quinzaine de travailleurs, en majorité des jeunes, décidaient de faire grève dès l'embauche à 5 h 30. À 8 heures, à l'embauche en journée, 150 travailleurs participaient au rassemblement et après qu'un délégué FO eut proposé sans succès l'organisation du mouvement, la CGT proposait un tour des ateliers où l'on vérifia qu'en dehors des intérimaires et de quelques non-grévistes habituels, l'usine était déserte, mais sans aucune décision prise, sur les revendications et le temps de grève...
Les jeunes, certains syndiqués à la CGT, donnaient le ton et poussaient à la grève, notamment autour du piquet mis en place à leur initiative devant l'entrée des fournisseurs, interdisant le passage des camions de marchandises. Ce piquet allait devenir, avec la cafétéria, le lieu principal de discussions des grévistes.
Les jours suivants, la poursuite de la grève fut votée chaque matin, même si beaucoup se contentèrent de débrayer une heure ou deux, tout en participant aux discussions à la cafétéria ou au piquet, où le barbecue fonctionnait tous les jours.
A l'assemblée de mercredi 10 décembre, la revendication de 45 euros fut finalement votée par les 200 grévistes présents. La grève devint massive et s'installa dans une ambiance bon enfant, les plus anciens en profitant pour faire des simulations sur leur prochain départ "amiante" et les jeunes se montrant les plus dynamiques.
À l'assemblée du jeudi, avec moins de monde, la grève était reconduite par 120 voix sur les 150 présents, 30 s'abstenant. Mais le découragement commença à gagner. Et si la proposition de nouvelles négociations lundi suivant à Paris par la direction "à condition que les piquets soient levés" provoquait un tollé, beaucoup attendaient quand même ses propositions.
Vendredi 12, il n'y avait plus que 60 grévistes à l'assemblée de 8 heures et la grève fut reconduite pour la journée par 20 voix, contre 40 abstentions de travailleurs tenant malgré tout à rester avec leurs camarades, la lassitude dominant.
Finalement la décision de laisser rentrer les camions et l'idée de maintenir un petit piquet pour les empêcher de sortir le week-end fut adoptée, et celui-ci organisé.
En fait, tout le monde attendait la réunion du lundi 15 décembre à Paris. Si la grève totale n'aura duré que la semaine du 8 au 12 décembre, des débrayages eurent encore lieu ce jour-là, pendant l'ultime réunion entre syndicats et direction.
Celle-ci n'a pas cédé sur les 45 euros net pour tous mais a proposé une augmentation générale qui passera de 35 euros au 1er janvier à 43 euros net au 1er décembre 2004, avec effet rétroactif.
Le travail a donc repris à l'usine de Ploufragan avec le sentiment de ne pas avoir fait grève pour rien.