Aventis : Nouvelles suppressions d'emplois en vue18/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1846.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aventis : Nouvelles suppressions d'emplois en vue

La direction d'Aventis, le groupe pharmaceutique né il y a trois ans de la fusion de Rhône-Poulenc et de Hoechst-Marion-Roussel, a annoncé une nouvelle restructuration.

Elle appelle ce plan "Reshaping Aventis" (Remodeler Aventis), mais cela ressemble surtout à un massacre des sites et des emplois. En effet, dans le but d'économiser et de réaliser un demi-milliard d'euros de profits supplémentaires par an, elle veut se débarrasser de dizaines de sites (on pourrait passer de 50 à 15!) et de milliers de travailleurs: en France, 1800 sur 13000 salariés.

Pour les travailleurs, cela a, hélas, un air de déjà vu. La création du groupe au 1er janvier 2000 s'était traduite par la vente ou la fermeture d'une cinquantaine de sites à travers le monde et par la suppression de 11000 emplois, sur plusieurs années.

Mais ce plan n'était pas encore totalement réalisé que la direction engageait une restructuration de la recherche. Il s'agissait en particulier pour elle de se débarrasser du centre de Romainville, en Seine-Saint-Denis, où travaillaient encore près de 2000 salariés. Après plusieurs tentatives infructueuses de vente, elle entamait la fermeture du site. Celle-ci est bien avancée. Malgré leur résistance, leurs nombreuses manifestations (mardi 16 décembre encore, ils formaient avec leurs collègues de Vitry l'essentiel des travailleurs qui manifestaient devant l'annexe du syndicat patronal de l'industrie pharmaceutique, à Boulogne-Billancourt), leurs démarches auprès des pouvoirs publics et des tribunaux, des centaines de travailleurs sont actuellement mutés vers d'autres sites. Et 660 salariés de Romainville, Vitry et Croix-de-Berny en région parisienne, à qui la direction ne propose rien, seront purement et simplement licenciés.

Après la recherche, avec "Reshaping Aventis" la direction s'attaque maintenant aux sites de production. Elle ne manque pas de prétextes pour se dire contrainte à des économies: les postes qui font double emploi, les produits jugés pas assez rentables, ceux dont les brevets arrivent à échéance et dont les génériques vont pouvoir sortir, et jusqu'à la réduction des frais de santé annoncée par de nombreux gouvernements. Comme si ces réductions menaçaient les trusts du médicament, et non les assurés sociaux!

Car du côté des profits, ça va très fort pour Aventis. Lors de la fusion de 2000, la direction affirmait viser 1,2 milliard d'euros de bénéfice en 2002. Or l'an passé, elle a fièrement affiché presque le double: 2,1 milliards. Et les résultats partiels de 2003 confirment cette rentabilité élevée. Aux actionnaires, le PDG promet d'augmenter encore le bénéfice par action de 0,30 euro d'ici à 2005. Tout ce qui intéresse ces gens-là, ce sont les "blockbusters", ces médicaments générant au moins un milliard de dollars de ventes, et des centaines de millions de bénéfices.

Des milliards de profits à la charge de la Sécurité sociale, des milliers d'emplois supprimés pour doper ces profits: quand va-t-on mettre à la raison ces vampires de la santé?

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