Dépôt SNCF de Dijon : Encore un accident!12/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1845.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dépôt SNCF de Dijon : Encore un accident!

Au dépôt SNCF de Dijon, où nous sommes 70 à l'Atelier de journée et autant à la Station, travaillant en 3x8 à entretenir les locomotives, les accidents graves se succèdent depuis un an.

On a ainsi vu une machine manquer d'écraser le remiseur chargé de manoeuvrer la plaque tournante qui permet d'orienter les machines, deux fractures de chevilles, trois chutes dans les fosses qui nous servent à accéder sous les locomotives. Lors de la première, l'un de nos camarades s'est tellement blessé au dos qu'il a dû être reclassé, la deuxième il y a six mois a entraîné une blessure au visage et lors de la troisième, dernièrement, un jeune remiseur s'est cassé les deux bras.

Nous n'avons jamais eu autant d'accidents. Le rythme de travail a considérablement augmenté, surtout pour les remiseurs qui rentrent maintenant régulièrement jusqu'à cent machines par période de travail et par équipe de quatre ou cinq, quand elle est au complet.

Les effectifs sont insuffisants et, à la Station, on travaille de plus en plus dans l'urgence. Il n'est pas rare que les tuyaux de remplissage du sable qui sert à empêcher les machines de patiner soient arrachés parce que, dans la précipitation, on les a oubliés. La vitesse limite de circulation des machines à l'intérieur du Dépôt, de 15 km/heure, est souvent dépassée car les jeunes remiseurs n'ont appris à travailler que de cette façon. La direction laisse faire.

Mettre en place les machines, y monter, en descendre, faire les attelages sur des fosses où les passerelles ne sont pas assez nombreuses, aller et venir souvent seul dans une rotonde où l'éclairage est insuffisant la nuit et où les ampoules grillées ne sont même pas remplacées rapidement, voilà comment on travaille.

Qu'une machine de 100 tonnes puisse, une à deux fois par an, dériver et finir sa course dans la plaque alors que nous travaillons là, c'est encore la réalité.

La direction se moque totalement des risques que nous courons et ni la pétition que nous avons tous signée pour avoir des taquets de protection contre ces dérives, ni les accidents eux-mêmes ne lui font changer sa ligne. La gravité et la terrible répétition des accidents deviennent une pression permanente qui fait qu'on arrive à redouter le moment où cela se traduira par la mort de l'un d'entre nous. On finit par ne plus imaginer qu'on y puisse quelque chose.

En ce qui concerne le dernier accident, le CHSCT (Comité d'hygiène et de sécurité-conditions de travail), dépassé, n'a pas usé du droit de retrait et n'oblige pas la direction à prendre les mesures qui s'imposent.

Pour nous, c'est trop. À quelques-uns, nous avons décidé de refaire une pétition et de la porter au chef d'atelier. La CGT, du coup, nous a aidés et nous avons débarqué à 40 au CHSCT avec une centaine de signatures sur la pétition.

Six remiseurs étaient là et sont intervenus pour raconter dans quelles conditions ils faisaient leur boulot, surtout la nuit, et qu'il fallait vite faire le nécessaire au niveau des passerelles et de l'éclairage. Le chef d'atelier, lui, minimisait les problèmes, disait que des choses étaient en cours, que c'était compliqué. Un remiseur finit par dire que, puisque c'était comme ça, ils ne rentreraient plus les machines sur fosse mais les laisseraient devant, comme ça, ils ne risqueraient rien.

Nous avons rompu la discussion en disant qu'on n'en resterait pas là et que, de toute façon, on mettrait l'inspecteur du travail dans le coup. C'est ce qui vient d'être fait.

Tout le monde était plutôt content et, d'avoir réagi, ne serait-ce qu'à travers une pétition et un rassemblement pour dire au chef d'atelier ce qu'on pensait de lui, nous a fait redresser la tête.

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