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Leur société
Chirac et Sarkozy : Discrimination négative contre tous les travailleurs
«Discrimination positive» ou pas... C'est le dernier terrain sur lequel s'affrontent Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, par journalistes et petites phrases interposés, avec en ligne de mire les élections présidentielles de 2007.
La formule est sortie des lèvres du ministre de l'Intérieur lors de l'émission «100 minutes pour convaincre» du 20 novembre. Il y annonçait son intention de nommer un préfet «musulman» pour pallier l'absence de hauts fonctionnaires issus de l'immigration maghrébine. Puis, au cours de son voyage officiel à Tunis, Chirac s'est efforcé de remettre à sa place son ministre en déclarant qu'il y était pour sa part opposé. «Nommer des gens en fonction de leur origine, ce n'est pas convenable».
En fait, ce thème devient, au travers des échanges de petites phrases, le prétexte à une microbataille politicienne. Mais le problème ainsi posé, «discrimination positive» ou pas, masque la réalité. On peut trouver un, deux, trois préfets «musulmans» ou maghrébins. Chirac a bien su nommer une ministre «beurette», Tokia Saïfi, comme secrétaire d'État au développement durable, pour faire bien dans le tableau. Mais cela ne modifie rien au fond.
Et ce fond, c'est que les immigrés du Maghreb et d'Afrique ayant été recrutés par les capitalistes français pour venir faire dans leurs usines les travaux les plus durs, ils ont d'emblée constitué la fraction la plus pauvre de la classe ouvrière, logeant leurs familles dans les quartiers les plus pauvres, et c'est tout naturellement que l'immense majorité de leurs enfants, même nés en France, même de nationalité française, se sont retrouvés parmi les exclus.
Aujourd'hui, Chirac et Sarkozy agitent du vent autour de la «discrimination positive» pour faire croire qu'ils se préoccuperaient de l'intégration des générations actuelles issues de l'immigration, notamment originaires du Maghreb. Mais dans le même temps, immigrés et enfants d'immigrés continuent à fournir de gros contingents de ceux qui en sont réduits à vivre dans des cités ghettos, faute de moyens. Ils constituent la plus forte proportion des pires situations dans tous les domaines: précarité de l'emploi, chômage, abandon prématuré de la scolarité, accès le plus difficile au système de soins. Pour que cela change, il faudrait bien autre chose que la nomination d'un préfet «musulman» ou d'un recteur possédant la double nationalité française et algérienne, «professeur de droit très reconnu à l'université de Bourgogne», comme celui qu'a promu en juillet dernier Jacques Chirac. Et surtout il faudrait tout d'abord une politique qui assure à tous les travailleurs, et donc aussi à la fraction immigrée de la classe ouvrière et à ses enfants, l'accès effectif à un travail et à un salaire décent, à des logements corrects, à une éducation et à des soins de qualité. Précisément l'inverse de ce que font Sarkozy et Chirac, qui la main dans la main mènent la guerre aux travailleurs dans tous ces domaines.