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Tribune de la minorité
Après le congrès de LO : L’extrême gauche responsable!
L'accord LO-LCR pour des listes communes aux prochaines élections régionales et européennes est donc scellé.
Depuis des semaines, alors qu'il n'était encore qu'attendu, il a déjà fait pousser des cris d'effroi (réels ou feints). On peut supposer que cela va continuer, voire redoubler. En particulier, mais pas seulement, du côté de la gauche dont l'espérance d'être débarrassée du souci de l'extrême gauche s'envole. Verts, PCF et surtout PS auraient tant voulu soit avoir affaire à l'habituel imbroglio des différentes chapelles, soit même en embarquer une ou plusieurs dans le giron de leur église.
Pas de chance pour eux! Ils étaient devenus, disaient-ils, preneurs d'une extrême gauche «responsable», c'est-à-dire prête à s'allier avec eux, voire à prendre sa place dans leur futur gouvernement (il est vrai bien hypothétique pour le moment). Et voilà affirmé pour les six mois qui viennent un pôle d'extrême gauche, électoral, bien distinct de tous ces partis serviteurs des classes possédantes qu'ils soient d'active, comme la droite aujourd'hui, ou en réserve, comme la gauche ou l'extrême droite!
Voilà qui nous réjouit fort. Comme tous les lecteurs de cette tribune le savent, toutes ces années la Fraction, y compris quand elle était seule à le faire, y compris contre les majorités de la LCR et de LO, y compris dans les précédents congrès de LO, a défendu la perspective d'une alliance de l'extrême gauche, sur une base de classe, dans les luttes comme dans les élections. Bien sûr, cette alliance n'est conclue aujourd'hui que pour ces élections. Mais si elle est possible dans celles-ci, sur la base d'un programme correspondant aux intérêts du monde du travail, il va être tout de même plus difficile de nous répéter que, sur la base du même programme, elle ne serait pas possible dans les mouvements ou dans la préparation de ceux-ci.
Le pas aurait pu être fait plus tôt, plus vite et même dans des circonstances autres qu'électorales. Mais nous ne boudons ni notre plaisir ni un succès de la politique que nous avons défendue.
Les tâches du moment
La première tâche de nos organisations et de chaque militant révolutionnaire est donc de faire en sorte que les campagnes électorales qui commencent soient les plus efficaces possibles, qu'elles touchent le plus de gens possible, en particulier dans le prolétariat, parmi les ouvriers, les employés, les chômeurs et les exclus. Pour que le programme et les idées des révolutionnaires pénètrent et soient bien plus largement connus qu'ils ne le sont aujourd'hui. Mais aussi pour que nos listes aient le meilleur résultat possible, en votes et en élus (car malgré la loi électorale inique, l'impact de listes LO-LCR peut permettre d'avoir des élus).
Un bon résultat de l'extrême gauche c'est une chance de voir remonter le moral des travailleurs, et avec celui-ci leur combativité, une combativité dont ils vont avoir bien besoin devant les attaques patronales et gouvernementales qui grandissent ou se précisent, les plans de licenciements qui s'amoncellent, la démolition du système de l'assurance maladie qui continue après celui des retraites. L'estocade est même déjà prévue pour juin prochain, juste après les élections européennes. Le signal est on ne peut plus clair.
Dans ces circonstances, LO et la LCR ont pris conscience que leurs divergences, bien réelles par ailleurs, ne peuvent être plus longtemps une raison ni un prétexte aux yeux de leurs électeurs, qui n'auraient pu comprendre pourquoi elles se refusaient à faire le front qui s'impose alors qu'elles préconisent dans ses grandes lignes le même programme pour le monde du travail.
Les urnes rangées, les mêmes électeurs resteront des travailleurs avec les mêmes problèmes, les mêmes difficultés, les mêmes ennemis et les mêmes aspirations. Alors, tous ceux à qui la campagne commune et, espérons-le, le nombre des votes obtenus auront donné espoir ou courage, ne peuvent qu'attendre que les deux organisations fassent preuve de la même responsabilité qu'elles montrent aujourd'hui, en tout cas et au moins sur les questions et le programme qu'elles auront mis en avant ensemble dans la campagne.
Du déroulement de cette campagne autant que de ses résultats dépendra donc, pour une part en tout cas, qu'existent parmi les travailleurs le sentiment de n'être pas totalement impuissants, et au sein de l'extrême gauche celui de la nécessité de poursuivre une politique responsable sur une base de classe. Pour tous ceux qui savent que les véritables combats se livreront sur les terrains de la lutte de classe et non dans les isoloirs, c'est une raison suffisante pour mettre maintenant leur énergie et leurs forces dans la campagne électorale des listes LO-LCR.