Reims-Aerospace (Marne) : Cinq délégués du personnel licenciés!28/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1843.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Reims-Aerospace (Marne) : Cinq délégués du personnel licenciés!

Jeudi 20 novembre, la direction de Reims-Aerospace a licencié les cinq délégués CGT dont l'inspection du travail avait pourtant refusé le licenciement lors du plan de reprise de mars dernier. Cette décision de passer outre aux exigences de l'inspection départementale du travail est venue du ministère du Travail.

En mars, pour reprendre l'entreprise Reims-Aviation en dépôt de bilan, la société Ventana avait commandé à l'administrateur judiciaire de procéder à 156 suppressions d'emplois, dont 88 licenciements secs. Parmi ces 88 licenciés, il y avait six travailleurs pour lesquels l'autorisation de l'inspection du travail était nécessaire parce qu'ils avaient des mandats syndicaux (5 CGT et 1 FO).

En mai, l'inspection du travail avait finalement décidé de ne pas autoriser ces licenciements, estimant qu'il s'agissait là d'un geste discriminatoire.

Mais Ventana s'est acharnée. Elle a fait appel auprès du ministère et a obtenu gain de cause puisque le 3 novembre les cinq délégués CGT recevaient une lettre du ministère leur annonçant que leur licenciement était autorisé. Cette lettre était datée du 23 octobre, dernier jour du délai légal de quatre mois dont disposait le ministère pour se prononcer. Etait-ce un hasard, ou le ministère aurait-il été sensible à une relance in extremis de Reims-Aerospace, le nouveau nom de l'entreprise? Quoi qu'il en soit, cette question de date n'a fait que renforcer l'écoeurement des délégués qui s'étaient crus pour un moment hors de danger.

Le lendemain, l'émotion fut grande parmi le personnel. Tout le monde avait conscience qu'en cherchant à licencier ces cinq militants (tous délégués du personnel du 1er collège!), la direction de Reims-Aerospace visait en fait tous les salariés de l'entreprise. Depuis quelques semaines, l'usine est en chômage partiel et Ventana a demandé au tribunal de commerce de revoir le contrat de reprise pour qu'elle puisse se débarrasser de tout un secteur de production. Les ouvriers sont donc très inquiets et redoutent un nouveau plan "social". Décapiter le syndicat paraît être la première étape des projets de la direction.

En fait, le seul argument que la direction ose avancer pour se justifier est que, dans son plan initial, elle ne prévoyait de garder que 257 salariés et qu'elle ne peut pas en accepter davantage. Sauf qu'avec les départs qu'il y a eu depuis, volontaires ou provoqués, l'effectif est maintenant passé bien en dessous des 257. Ce à quoi elle a répondu, lors d'une entrevue avec les cinq délégués, qu'elle s'était engagée à reprendre 257 salariés, mais pas à les garder!

Une pétition exigeant l'abandon des procédures de licenciement a recueilli les signatures de l'ensemble du personnel en dehors de l'encadrement. Jeudi 20 novembre, toutes les équipes ont débrayé pour aller porter la pétition à la direction. Rien n'y a fait. L'après-midi même, la direction convoquait les délégués pour leur signifier leur licenciement.

Mais pour autant les cinq délégués n'ont pas dit leur dernier mot. Ils vont faire appel de la décision du ministère auprès du tribunal administratif et essayer d'obtenir des référés la suspension de leur licenciement. Ils sont aussi intervenus lundi 24 novembre au conseil municipal de Reims, où le maire a dit qu'il adresserait un courrier d'appui à leur recours auprès ministre du Travail. Pour maintenir la pression, un rassemblement devant l'entreprise était organisé par la CGT le mercredi 26. Tous les travailleurs de Reims-Aerospace étaient appelés à cesser le travail pour s'y rendre et les militants CGT de l'agglomération rémoise avaient aussi appelé tous ceux qui sont révoltés par cet acte de répression antiouvrière à participer au rassemblement.

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