La branche ferries du trust P&O sur le trans-Manche pourrait subir sa troisième "restructuration" en moins de deux ans. Les deux premières avaient entraîné la fermeture de lignes en Belgique, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, ainsi que des suppressions d'emplois, notamment en France à Cherbourg, au Havre, à Paris. Ce sont près de 400 salariés qui ont été licenciés l'année dernière, rien que dans la branche ferries du groupe. Des débrayages de solidarité avaient eu lieu à Calais pour soutenir les salariés licenciés à Paris.

Pour 2003, P&O, dont l'objectif est d'assurer un taux de profit de 15%, annonce vouloir réduire ses "coûts" de 10% et compte licencier 525 marins et 96 sédentaires, principalement en Grande-Bretagne. Viendrait s'y ajouter le licenciement de salariés des services opérationnels, tant à Calais qu'à Douvres, dont le nombre est en train d'être déterminé par un cabinet de chasseurs de coûts.

De janvier à septembre 2003, il y a eu moins de voyageurs sur les ferries trans-Manche P&O entre Calais et Douvres: 11% par rapport à la même période de 2002. P&O accuse, dans le désordre, l'épidémie de Sras, la guerre en Irak, la canicule de cet été, la fin du "duty free", la hausse des prix du tabac en France, la concurrence des compagnies aériennes à bas prix et même... l'ouverture du tunnel sous la Manche en 1994! La seule cause que la direction se garde bien d'évoquer, c'est la hausse continuelle des tarifs. Ce qu'elle ne dit pas non plus, c'est que le trafic fret P&O entre Calais et Douvres a augmenté de 10%.

Pour 2003, la direction prévoit des bénéfices en baisse... Mais cette baisse est due à un artifice comptable: P&O inclut dans ses comptes 2003 des frais pour un montant de 15 millions de livres en vue des 621 licenciements prévus. Cela entraînera évidemment et automatiquement une baisse des bénéfices prévus pour 2003. Et c'est de cette baisse que P&O tire prétexte pour justifier les licenciements!

P&O profite de sa position de quasi-monopole sur le transport ferry trans-Manche pour racketter les voyageurs, licencier les salariés et fermer des lignes. Et pendant ce temps, ses profits continuent de grimper en flèche.