Journée contre les violences faites aux femmes : Un combat de tous les jours28/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1843.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Journée contre les violences faites aux femmes : Un combat de tous les jours

A l'occasion de la journée internationale du 25 novembre contre les violences faites aux femmes, un certain nombre d'organisations féministes, dont le collectif national pour les droits des femmes, lancent une campagne sur ce thème.

Le constat est en effet alarmant. Une femme meurt de violences conjugales tous les cinq jours en France, soit près de soixante-quinze par an. D'après une "enquête nationale sur les violences envers les femmes" qui vient de paraître, une femme sur dix est victime de violences conjugales, 50000 viols sont perpétrés chaque année à l'encontre des femmes.

Depuis trente ans que des organisations féministes mènent ce combat, il y a certes eu quelques progrès. Certaines lois ont été votées ces dernières années, permettant à des femmes victimes de violences de réagir pour que leur auteur soit condamné. La loi du 23 décembre 1980 reconnaît que le viol est un crime passible d'une condamnation. Celle de 1992 institue le délit de harcèlement sexuel, mais il n'est possible que depuis l'année dernière d'incriminer un collègue de travail; auparavant ceci ne pouvait venir que d'un supérieur hiérarchique. Même pour en arriver à ce -petit- arsenal législatif, des militantes ont dû batailler longtemps. Tout s'est fait avec lenteur. Ainsi, pour la loi de 1980, les débats se sont étalés sur quatre ans!

Et encore faut-il que ces lois soient appliquées. D'après une autre enquête réalisée en 2000, sur 420 plaintes par an enregistrées en moyenne, dans le Val-de-Marne, 303 ont été "perdues" en cours de route. Un grand nombre de représentants de la justice, comme de la police, continuent en effet de juger la femme victime de violences comme coupable de ce qui lui arrive et font donc peu de cas de ces "affaires".

Seules 8% de femmes victimes de viol déposent des plaintes. Bien des raisons expliquent ce fait. La complexité de la démarche en est une. Mais ce n'est pas la principale. Il faut surtout oser, alors que les préjugés qui font de la femme violée une coupable et non une victime restent très vivaces.

En fait, ces drames quotidiens, dont deux millions de femmes en France sont victimes, et pas seulement des femmes des milieux populaires, comme l'a montré le drame de la mort de Marie Trintignant, découlent d'une oppression des femmes, tant dans la vie professionnelle que dans la vie sociale. Il n'y a pas d'égalité au travail: les femmes subissent le travail à temps partiel imposé, leurs salaires sont toujours inférieurs à ceux des hommes. Les politiciens, de droite comme de gauche, qui se fendent parfois de discours sur l'égalité hommes-femmes, ne la respectent pas, même lorsque la loi instaure une parité aux élections. Il n'y a qu'à voir la proportion d'hommes et de femmes à l'Assemblée nationale ou au Sénat. On pourrait multiplier les exemples.

Violences sexistes, violences sociales... "Le degré d'émancipation d'une société se mesure au degré d'émancipation de la femme", disait un socialiste du 19e siècle, Charles Fourier. C'est dire que nous ne sommes pas encore sortis de la barbarie.

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