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Dans les entreprises
GIAT Industries (Saint-Chamond, Loire) : Maintenir la pression
Les salariés de GIAT Industries à Saint-Chamond sont toujours sous la menace de la fermeture de leur site à la fin de l'année 2004. Ce n'est d'ailleurs qu'un des points d'un plan plus vaste de suppressions d'emplois dans cette entreprise d'État qui fabrique du matériel d'armement pour l'armée de terre. Ce plan prévoit de supprimer près de 4000 des 6250 emplois existants. Il est pour le moment suspendu, dans l'attente d'un jugement du tribunal de Versailles.
Tout en continuant débrayages et manifestations, les travailleurs ont pris des mesures de rétorsion contre une direction sourde à leurs besoins. Le travail est non seulement très ralenti, personne n'ayant de toute façon le coeur à l'ouvrage dans une entreprise que l'on dit vouée à la fermeture, mais il n'est pas question non plus de laisser partir les produits finis. Un certain nombre de pièces sont donc prélevées sur des matériels ou des pièces de rechange prêts à l'expédition.
Vendredi 14 novembre au matin, une première tentative de la direction de faire rentrer des camions pour enlever du matériel a échoué. Mais quand la direction a renouvelé son opération l'après-midi même, les travailleurs ont été surpris et n'ont pu bloquer qu'une des deux entrées du site. Du matériel a donc pu être enlevé.
Le petit bras de fer s'est poursuivi. Le lundi 17 novembre, le chef de la production s'est rendu à l'atelier Mécano-soudure pour y réunir le personnel et distribuer à chacun un texte rappelant qu'il devait faire sa production. Ce ne fut pas du goût des travailleurs. L'un d'eux brûla devant le cadre ce courrier provocateur. Les autres travailleurs l'imitèrent et rajoutèrent même leurs feuilles d'usinage. Le cadre n'eut plus alors qu'à battre en retraite.
Le débrayage de toute l'entreprise eut lieu juste après cet épisode. Une nouvelle fois, les grévistes ont fait sortir de leurs bureaux le directeur et deux de ses adjoints. Deux autres chefs d'atelier subirent le même sort.
Le mercredi 19, deux barrages filtrants ont été mis en place sur l'autoroute Lyon-Saint-Etienne. L'action était organisée par les syndicats de GIAT Industries et de Bormioli Rocco, une verrerie de Rive-de-Gier qui doit fermer ses portes, mettant trois cents travailleurs à la rue.
De retour dans leur entreprise, les travailleurs de GIAT décidaient de mettre sous leur protection des pièces d'un véhicule blindé léger destiné à être terminé chez Matra et un prototype de la tourelle d'un autre véhicule blindé en projet.
L'attente de la décision du tribunal est donc loin d'être passive et le soutien sans faille du gouvernement, à commencer par la ministre de la Défense, à ce plan antiouvrier ne fait pas plier les travailleurs.