Retraites complémentaires : Des syndicats qui défendent qui?19/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1842.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites complémentaires : Des syndicats qui défendent qui?

La remise en cause des droits de millions de salariés, à l'occasion de l'accord du 13 novembre sur les retraites complémentaires, est passé inaperçu de la grande majorité des travailleurs du pays. Et pour cause: le patronat et les syndicats signataires, la CFDT, la CGC, la CFTC et FO, ont noyé le poisson en parlant de «remarquables avancées». Mais même la CGT, qui s'est opposée à l'accord, l'a fait tellement discrètement que la plupart de ses propres militants n'ont pas réalisé encore aujourd'hui ce qui venait de se passer.

On a connu en plus raccourci ce qui s'était passé au printemps dernier sur les retraites. Dans un premier temps, fin octobre, face aux exigences du Medef, l'ensemble des syndicats ont déclaré faire un front commun «pour défendre les droits des salariés», sans en alerter d'ailleurs les principaux intéressés. Mais ce «front syndical uni» n'a tenu que quelques jours, le temps de préparer les arrangements pour justifier le ralliement des signataires au Medef. La seule nouveauté par rapport aux retraites est que, cette fois, FO était dans le lot.

Mais si la CGT s'est, heureusement, retrouvée à ne pas signer ce nouveau recul, cela s'est surtout ramené à une position de principe, proclamée par son négociateur Le Duigou, le 13 novembre. Mais depuis, rien, simplement l'annonce que le bureau confédéral prendrait une position définitive... le 20 novembre. Pour le moment on n'en est pas à une alerte générale des travailleurs, encore moins à un début de mobilisation.

Pourtant c'est Bernard Thibault lui-même qui, en juin dernier, déclarait à la télévision que si la première manche avait été remportée par le gouvernement, le dossier n'était pas clos. Et d'annoncer que la CGT mobiliserait pour les discussions prévues à l'automne sur les retraites complémentaires, négociations où, précisait-il, le patronat entendait s'attaquer aux droits des salariés. Il prévenait: la CGT ne laisserait pas faire!

Seulement l'automne est venu, le patronat a mis ses menaces à exécution, et la CGT et son dirigeant Bernard Thibaut ont oublié ce qu'ils en avaient dit. Pour l'instant, c'est un pesant silence face aux millions de travailleurs bel et bien spoliés. C'est une réédition de ce qui s'était passé en 1993, quand Balladur avait mis fin aux 37,5 ans de cotisations pour les remplacer par 40 ans, avec d'autres mesures de recul encore plus graves sur les retraites. À cette époque, cela s'était passé dans la plus grande discrétion, avec des marchandages sordides dont les travailleurs n'ont pas fini de payer l'addition. Il ne faudrait pas qu'en plus, demain, on ose parler de la passivité des travailleurs face à ces attaques: en l'occurrence ce ne sont pas eux qui sont passifs.

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