Médecine scolaire : Sale coup en douce au Sénat19/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1842.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecine scolaire : Sale coup en douce au Sénat

Les sénateurs viennent de voter un amendement au projet de loi sur la décentralisation qui implique le transfert de la médecine scolaire aux départements. Or si le gouvernement, suite aux mouvements de mai et juin derniers, avait maintenu la décentralisation des techniciens et ouvriers d'entretien des collèges et des lycées (les TOS), il avait tout de même reculé sur la décentralisation des conseillers d'orientation et psychologues scolaires, des assistantes sociales et des médecins scolaires.

Pour l'instant, le ministre délégué Devedjian a fait savoir qu'il n'était pas favorable à cet amendement. Mais le fait qu'il vienne d'être voté par les sénateurs a de quoi inquiéter.

Le service de médecine scolaire s'occupe des actions de prévention de la santé auprès des jeunes scolarisés. De plus, il est censé permettre l'intégration des élèves qui ont un handicap ou de gros problèmes de santé. Avant leur sixième anniversaire, tous les enfants sont obligatoirement soumis à une visite médicale gratuite. Des examens périodiques sont censés être effectués pendant tout le cours de la scolarité. Le suivi médical des enfants scolarisés se fait en liaison avec les enseignants. Cette médecine préventive est indispensable pour les enfants, surtout ceux des classes populaires qui, sans cela, ne seraient souvent suivis par aucun autre médecin.

Or depuis plusieurs années, les médecins scolaires, qui ont très souvent un statut précaire, ont bien du mal à assumer toutes ces tâches car les moyens baissent de manière dramatique, précisément à un moment où, avec l'aggravation de la misère dans les cités et quartiers populaires, ils devraient au contraire augmenter. Et il est à craindre que le transfert aux départements n'aggrave encore plus la situation, alors que la moitié de ceux-ci ne respectent déjà pas leurs obligations en matière de protection maternelle et infantile (PMI).

D'ailleurs, certaines collectivités locales ont déjà fait savoir qu'elles envisageaient de confier la médecine scolaire à des médecins libéraux, pour se «débarrasser» de ce service estimé coûteux. En fait, la décentralisation des médecins scolaires risquerait de creuser les disparités entre les départements pauvres et les autres.

Comme pour les autres mesures de décentralisation dans l'Éducation, le but est en réalité de faire des économies au détriment du service public d'éducation, et en l'occurrence de la santé des jeunes des classes populaires. Voilà ce à quoi aboutirait l'amendement voté, s'il venait à passer dans les faits.

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