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Dans le monde
Prestige : Un an après, la pollution continue et la facture s'allonge
Un an après le naufrage du Prestige, le 19 novembre 2002, au large de la Galice espagnole, le fioul continue à se déverser et ses boulettes souillent encore le littoral sur plus de 3000 kilomètres, des îles Canaries à l'Ecosse. Et on est loin de voir la fin de cette pollution: selon les experts, 14000 tonnes de pétrole seraient encore dans l'épave, sur les 77000 que contenait la cargaison, et 18000 flotteraient entre deux eaux, sans possibilité d'être récupérées avant qu'elles n'atteignent les côtes. Il faudra des années avant que ce pétrole ne pollue plus. Quant aux dégâts occasionnés par cette marée noire sur la faune et la flore, nul ne peut encore dire quels en seront les effets; des dizaines de milliers d'oiseaux marins ont déjà péri.
Les répercussions sur les activités économiques sont déjà importantes. Les poissons se font plus rares, les coquillages sont pollués: en Galice, en Espagne, 12000 emplois liés à la pêche sont menacés. En France, dans les Landes, le préjudice est pour l'instant estimé à 1,7 million d'euros, la chute des recettes touristiques étant plus difficilement évaluable.
Le coût global de cette pollution ne peut faire l'objet que d'estimations, mais il sera énorme: si le Fipol (le fonds d'indemnisation alimenté par les cotisations des compagnies pétrolières) chiffre la facture à un milliard d'euros pour l'instant, d'autres organismes calculent qu'elle pourrait se monter au total, sur dix ans, à 7 ou 8 milliards d'euros. Mais qui la paiera? Les responsables du naufrage de ce navire-poubelle? Mais son affréteur russo-suisse a depuis mis la clé sous la porte. Les propriétaires de ce navire "libérien" ont délibérément choisi le pavillon bahaméen, un pavillon de complaisance bien évidemment. Il sera donc difficile, voire impossible, de leur mettre la main dessus. De toute façon, même lorsque le responsable est clairement identifié, il s'en tire en général à bon compte: il suffit de se rappeler comment TotalFinaElf a dédommagé de façon dérisoire les victimes du naufrage de l'Erika....
Le Fipol, pour sa part, n'a prévu que 171,5 millions d'euros de fonds pour cette catastrophe, et il refuse d'indemniser les victimes du Prestige au-delà de 15% du préjudice. Les trusts pétroliers sont "coupables" en affrétant des navires-poubelles par raison d'économie, ils ne sont pas "responsables" quand il s'agit de réparer, ne serait-ce que financièrement, les dommages qu'ils provoquent.