Condition de la femme en Afrique : Des pratiques qui doivent cesser13/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1841.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Condition de la femme en Afrique : Des pratiques qui doivent cesser

Extrait du Pouvoir aux Travailleurs, mensuel trotskyste édité par l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes (Octobre 2003)

(...) Dans les villages africains, la pratique de la polygamie n'est toujours pas interdite. Une fille même très jeune peut être soumise à la volonté de son père ou d'un oncle qui a le pouvoir de l'accorder comme épouse à qui il veut, même à un vieillard. Ensuite le mari a tous les droits sur elle, y compris celui de la répudier, c'est-à-dire la jeter à la rue selon son bon vouloir. Les actes judiciaires et les divorces donnant droit à des compensations d'ordre matériel et à un partage équitable des biens n'existent pas.

Dans certains pays comme le Sénégal, mais aussi quelques autres, des femmes issues de milieux cultivés des grandes villes disent non à la situation réservée aux femmes. Elles qui ont souffert dans leur chair et continuent de subir les séquelles des mutilations sexuelles se sont associées pour engager une lutte afin que leurs filles soient épargnées de ces pratiques rétrogrades. Elles combattent aussi la polygamie. La route fut longue, mais à force de persévérance et de courage, leur mobilisation a fini par avoir quelques succès. Des lois condamnant certaines pratiques très rétrogrades ont fini par être adoptées par les députés. Leur application reste aléatoire vu que c'est de la tête aux pieds que l'appareil d'État est gangrené par l'arriération, hauts fonctionnaires et hommes de loi réunis, même lorsqu'ils ont eu la chance d'aller à l'école et de ce fait de bénéficier d'un certain niveau d'éducation.

Les islamistes se sentent le vent en poupe. Le 12 avril dernier, un "Comité islamique pour la réforme du code de la famille du Sénégal" (Circofs) a remis au chef de l'État un projet de loi destiné à être présenté au Parlement en remplacement des textes adoptés en 1972 sous Senghor. Il s'agissait en fait de faire adopter la charia, c'est-à-dire des préceptes moyenâgeux qui déposséderaient les femmes du peu de droits qu'elles détiennent dans le système actuel. La charia est en vigueur au Nigéria dans les États du Nord qui ont basculé sous la coupe des islamistes. Pour un oui ou pour un non, les femmes reçoivent des coups de fouet en toute légalité pour peu qu'on les soupçonne d'avoir enfreint les lois islamiques. Récemment une femme, Amina Lawal, a échappé de peu à la lapidation. Son crime était simplement d'avoir mis au monde un enfant hors mariage.

Peut-on parler aujourd'hui de montée islamiste dans toutes les régions subsahariennes? La question reste posée. Dans de nombreuses grandes villes du Mali, de la Mauritanie, du Niger, la police officielle cède le centre-ville aux barbus pour y interdire la circulation en vue de l'organisation de la prière chaque vendredi après-midi. Ces individus ne se contentent pas de réglementer le va-et-vient des véhicules; ils profitent de leurs prérogatives pour faire la chasse aux femmes en jupe ou en pantalon et à tout comportement qu'ils estiment nuisible au bon déroulement des prières. Pendant la période du ramadan, c'est durant tout un mois que leur autorité réactionnaire s'exerce sur toute la société. Il arrive parfois que des confréries musulmanes plus ou moins concurrentes en viennent aux mains pour régler leurs différends. Les wahabia, une confrérie islamique radicale, se sont opposés violemment aux imams "officiels" pour une histoire de construction d'une nouvelle mosquée jugée provocatrice par ces derniers, soucieux de protéger leur monopole sur les fidèles. Cela se passait il y a quelques mois à Nioro, une localité située au Mali. Le résultat a été une dizaine de morts.

Pour les wahabia, partisans d'un islam dur, le foulard est jugé insuffisant. Les femmes sont tenues de porter un vêtement noir qui les couvre de la tête aux pieds sans laisser apparaître une quelconque partie de leurs corps, même les doigts de pieds. Une sorte de grillage épais et contraignant leur masque même les yeux, leur permettant à peine de pouvoir éviter les obstacles pour ne pas tomber en marchant. C'est inacceptable. Il faut que ces pratiques cessent.

Partager