Brésil : Un an de Lula... et de mesures antipopulaires13/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1841.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Un an de Lula... et de mesures antipopulaires

Le 27 octobre dernier, en même temps que ses 58 ans, Lula fêtait le premier anniversaire de son élection à la présidence du Brésil. La popularité du métallo-président reste très élevée, nous dit-on: plus de 70% d'opinions favorables, selon les sondages. Mais celle de son gouvernement a encore chuté, seulement 41,6% des sondés se déclarent satisfaits. Dix mois de gouvernement Lula ont déçu presque la moitié de ses partisans.

Lors de sa campagne électorale, Lula avait fait des promesses aux travailleurs et aux pauvres. Aucun de ces engagements n'a eu un début de réalisation. Il n'y a pas eu l'augmentation promise des salaires, en particulier pour les fonctionnaires, qui dépendent directement du gouvernement. Au lieu des 10 millions d'emplois nouveaux promis, c'est le chômage qui a augmenté, passant de 11 à 13% sur l'ensemble du pays. Le programme Faim Zéro est au point mort, avec un budget peau de chagrin, et l'administration en est seulement à unifier les programmes sociaux antérieurs.

Quant à la réforme agraire, elle continue à pas de tortue. En revanche la répression se durcit contre les occupations de grandes propriétés improductives. Le mouvement de paysans des "sans-terre" a compté 45 morts dans ses rangs au cours du premier semestre 2003, plus que durant toute l'année 2002. Leur dirigeant Stedile évite d'accuser trop directement le gouvernement mais parle d'un "Lula transgénique", allusion au fait qu'il a autorisé l'utilisation des OGM dans la culture de soja.

Par contre les promesses faites au patronat, elles, ont été tenues, et parfois au-delà. La monnaie a été redressée, grâce à des augmentations des taux bancaires. La Banque Centrale a obtenu son autonomie par rapport au gouvernement. L'excédent budgétaire qui sert à rembourser la dette extérieure s'est établi à 4,25%, au lieu des 3,75% exigés par le Fonds Monétaire International. La bourgeoisie reçoit toute sorte de cadeaux, sous prétexte de développer l'emploi et de favoriser l'exportation. De fait les exportations s'envolent, tandis que l'emploi chute.

Cette politique économique est saluée aussi bien par le patronat brésilien que par les milieux financiers internationaux. L'Internationale Socialiste, qui réunissait fin octobre à Sao Paulo Hollande, Fabius, Blair et autres, n'a pas eu de discours assez élogieux pour cette politique qu'on justifie "à gauche", en expliquant qu'une fois la croissance revenue et les bourgeois satisfaits, il y aura une reprise de l'emploi et des retombées pour les classes populaires. Refrain déjà entendu ailleurs, à droite comme à gauche.

Le gouvernement Lula n'a pas attendu pour prendre des mesures antiouvrières. Avec l'aide des partis de droite, il a fait adopter une "réforme" des retraites qui n'est que le début d'une offensive généralisée contre le monde du travail. Elle va se poursuivre par la "réforme" de la législation du travail, celle des impôts et celle de la Sécurité sociale. Au total, Lula voudrait en quelques mois réaliser toutes les "réformes" que les gouvernements de droite qui l'ont précédé n'ont pas réussi à faire passer depuis une quinzaine d'années.

Cette politique menée par Lula et le Parti des Travailleurs est ouvertement celle de la bourgeoise et celle de l'impérialisme. Elle suscite l'opposition d'une partie de la gauche du PT, qui est menacée d'exclusion du parti, mais rallie la majorité de la droite: non seulement les partis de droite qui ont soutenu Lula lors de l'élection, mais de plus en plus ceux qui s'étaient opposés à lui avant son élection. Ainsi, le PMDB, le principal parti de droite, qui a été l'axe d'à peu près tous les gouvernements depuis la fin du régime militaire, pourrait bien entrer au gouvernement à l'occasion d'un prochain remaniement ministériel.

L'année prochaine, ce seront les élections municipales, qui au Brésil se tiennent à la moitié du mandat du président et de la Chambre des députés. Lula et le PT espèrent que la population laborieuse aura un peu oublié ses "réformes" et sa politique antiouvrière et qu'ils pourront l'abuser à nouveau avec quelques réalisations tape-à-l'oeil et de nouvelles promesses démagogiques. Mais leur politique ne va pas changer.

Au pouvoir, droite et gauche ont des politiques comparables. Comme Lula lui-même l'a dit à Aznar, son collègue espagnol de droite: "On peut avoir des conceptions idéologiques mais, quand il s'agit de gouverner, c'est bonnet blanc et blanc bonnet."

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