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Leur société
Budget de la Sécurité sociale : Nouvelle attaque du gouvernement
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2004, actuellement en discussion au Parlement, ne répond pas à l'urgence de dégager des moyens supplémentaires, en personnel et en équipements, pour les hôpitaux et les maisons de retraites, de façon à ce qu'une catastrophe comme celle de l'été ne puisse plus se reproduire. Non seulement le gouvernement se refuse à financer l'indispensable, mais il veut encore faire faire des économies à l'assurance maladie sur le dos des assurés sociaux.
L'accent est mis délibérément, non pas sur les dépenses qu'il faudrait financer en urgence, mais sur le déficit qualifié «d'abyssal» de l'assurance maladie. Comme pour les retraites, il s'agit d'orchestrer une campagne de mensonges destinés à semer l'inquiétude pour faire accepter l'idée d'une «réforme» de l'assurance maladie qui réduira à un strict minimum la couverture maladie offerte par la Sécu, à charge pour ceux qui en ont les moyens de s'adresser à des assurances complémentaires privées et bien sûr payantes.
L'argument du déficit est d'autant plus mensonger que celui de la Sécurité sociale est cinq fois moins important que le déficit du budget de l'État, creusé délibérément par les aides aux entreprises dont personne parmi nos gouvernants et autres experts ne réclame qu'on examine si elles sont à fonds perdus ou pas! Ce sont des dizaines de milliards d'euros que l'État pourrait économiser rien qu'en supprimant toutes les aides accordées, sous prétexte de favoriser l'emploi, et qui ont largement prouvé leur inefficacité. Mais le gouvernement préfère de beaucoup cesser de rembourser des médicaments prétendument peu efficaces pour économiser quelques millions d'euros sur le dos des usagers, que d'en économiser des milliards au détriment du patronat!
Non seulement le déficit représente en 2003 moins de 4% du budget de la Sécurité sociale, mais si les gouvernements ne faisaient pas financer par la Sécurité sociale bien des dépenses qu'il n'y a aucune raison de financer sur les cotisations des salariés, comme la construction des hôpitaux, les études médicales, la cessation anticipée d'activité des médecins libéraux ou la modernisation des cliniques privées, pour ne citer que quelques exemples, il y aurait de quoi assurer une protection médicale et sanitaire bien meilleure à la population sans augmenter toujours les prélèvements sur les salariés.
En fait dans une société où la priorité serait de satisfaire les besoins de la population, il serait normal que la santé publique soit une priorité et que l'accès aux soins, aux possibilités de traitements qu'offre la science médicale, soit gratuit pour tous. Ce devrait être l'un des premiers services publics, avec l'éducation, que l'on chercherait sans cesse à améliorer alors qu'aujourd'hui patronat et gouvernement considèrent que les soins dispensés et les prestations versées à la population laborieuse sont du gaspillage.
On nous dit déjà que le projet de réforme devrait être bouclé avant l'été prochain, après une très large concertation. En fait, il s'agit surtout de tenter de mettre l'opinion en condition avec l'aide des experts et des médias, de laisser passer les élections sans trop faire de vagues et ensuite de tenter de passer en force à la veille des vacances.
Mais la «réforme» que va concocter le gouvernement sera une attaque en règle de plus contre le monde du travail, une de plus après les retraites et l'assurance-chômage. L'attaque est d'ores et déjà annoncée: il reste aux travailleurs à préparer la riposte.