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- Lutte ouvrière n°1839
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Leur société
100 000ème contrat jeune en entreprise... et combien de cadeaux au patronat?
En présence du 100 000ème jeune embauché dans le cadre des contrats jeunes en entreprise (CJE), dispositif mis en place fin août 2002, Raffarin a déclaré vendredi 24 octobre lors d'un déplacement dans l'Aisne et dans la Marne: «Je suis convaincu que le chômage baissera en 2004. (... )Les difficultés sont derrière nous». Et il s'est vanté des mesures prises par son gouvernement pour diminuer le chômage des jeunes.
Le chômage touche effectivement de plein fouet les jeunes. 17% des demandeurs d'emploi ont moins de 25 ans. Le taux de chômage parmi les jeunes non qualifiés s'élève à 33%. Mais les mesures de Raffarin ne changeront rien à cette situation catastrophique car elles ne visent qu'à aider encore un peu plus le patronat.
Raffarin promet d'aider un million de jeunes à «rencontrer le travail» d'ici 2006, d'abord grâce aux contrats jeunes en entreprise. Ces contrats s'adressent à des jeunes de 16 à 22 ans qui n'ont aucune qualification, ou qui n'ont que le CAP ou le BEP. Ils sont embauchés en contrat à durée indéterminée, à temps complet ou à temps partiel, et payés au Smic pour la plupart. Le patron qui prend un CJE bénéficie d'une aide de l'État pendant trois ans. Durant les deux premières années, l'exonération s'élève à 225 euros par mois pour un temps plein payé au Smic, soit 85% du Smic. Pour les salaires supérieurs au Smic, l'aide peut être supérieure dans la limite de 292,5 euros. La troisième année, le patron bénéficie encore de 50% de cette aide. De plus, cette aide est cumulable avec d'autres allégements existants.
Alors en quoi ces CJE vont-ils permettre de lutter contre le chômage des jeunes? Au mieux, les patrons qui embaucheront à l'aide de ce dispositif sont ceux qui avaient déjà décidé de le faire de toute façon, parce qu'ils le jugeaient nécessaire pour la bonne marche de leurs affaires. Mathieu Lemoine, un des auteurs d'une étude faite pour l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) le dit clairement: «Environ 80% des embauches réalisées l'auraient été sous une autre forme sans ce nouveau dispositif». Au pire, ils utiliseront le procédé pour bénéficier d'un emploi«aidé», en lieu et place d'un salarié qu'ils devaient totalement payer.
En plus de ces contrats jeunes en entreprise, le gouvernement se vante également de la création de Civis, «Contrats d'insertion dans la vie sociale», d'une durée de trois ans. Les associations qui y ont recours ne financent qu'un tiers du salaire du jeune ainsi embauché, les deux autres tiers étant payés par l'État. Tous ces contrats feront d'autant moins baisser le chômage des jeunes qu'ils viennent à la place d'autres emplois du même type, mis en place par le gouvernement précédent, qui, eux, disparaissent. Ainsi, 350000 emplois-jeunes se retrouvent licenciés petit à petit au bout des cinq ans de contrat. Le gouvernement se vante d'avoir créé 100000 «emplois-jeunes en entreprise» en un an, mais 80000 CES et CEC ont déjà été supprimés, et dans le secteur de l'Éducation, 10000 surveillants et aides-éducateurs ne seront pas remplacés, soit déjà 90000 emplois en moins.
Raffarin, pour plaire à sa clientèle électorale réactionnaire, dit avec cynisme vouloir renoncer à «la logique d'assistance». Mais il ne renonce pas à la logique d'assistance... aux patrons, car cescontrats constituent une nouvelle aubaine pour eux. L'État paie tout de même, pendant deux ans, 85% du salaire au Smic du jeune embauché dans le cadre des contrats jeunes en entreprise, autant dire que la main-d'oeuvre est, durant tout ce temps, quasiment gratuite. Cela représente un cadeau de 416 millions d'euros qui vient s'ajouter à tous les autres.
Le gouvernement sait très bien que ces mesures ne diminueront en rien le chômage des jeunes. Tout son baratin ne sert qu'à faire passer de nouvelles aides au patronat.