PCF : Militer en entreprise... pour quelle politique ?24/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1838.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

PCF : Militer en entreprise... pour quelle politique ?

La secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, a annoncé "une grande campagne sur l'emploi, les salaires, la précarité" et, payant de sa personne, elle a participé à une diffusion de tracts devant l'usine Citroën d'Aulnay, dans la banlieue parisienne. "Au lendemain des présidentielles, a-t-elle expliqué, les gens nous ont dit que nous les avions oubliés, que nous étions devenus un parti comme les autres. Après cette période difficile, le potentiel militant est là et nous pouvons renouer les liens qui ont fait la force du Parti Communiste."

Une initiative qui réconfortera les militants d'entreprise du PCF qui, eux, n'ont pas rompu le lien avec le monde du travail, et pour cause puisqu'ils baignent dedans, mais qui ont fait le constat que la direction de leur parti s'éloignait de leurs préoccupations.

Dans le passé, le PCF a tenu sa force de son implantation dans la classe ouvrière, une différence importante avec le Parti Socialiste qui, déjà dans les années cinquante, y avait perdu une grande partie de sa force militante, pour se transformer en parti de notables. Ce Parti Socialiste (la SFIO) avait dirigé des gouvernements antiouvriers, réactionnaires et colonialistes, que la direction du PCF a soutenus dans des moments cruciaux, comme le vote des "pouvoirs spéciaux" au socialiste Guy Mollet en 1956, permettant à ce dernier de généraliser la guerre coloniale en Algérie, pour finir par y participer, de 1981 à 1984 et de nouveau de 1987 à 2002.

La direction du PCF a de ce fait dévoyé et du même coup dilapidé la sympathie et la force militante qui était la sienne dans les usines et dans les bureaux.

Tout cela est le passé. Mais pour la direction actuelle du PCF, cela reste la seule perspective: garder ses élus, et pour cela rester à la remorque du PS et de sa politique. Que l'on appelle cela "gauche plurielle" ou que l'on trouve un autre nom, ce sera toujours la même impasse politique. Marie-George Buffet parle de la "période difficile" vécue par le PCF au lendemain de la présidentielle, mais elle ne discute pas des raisons qui ont conduit à cette "période difficile". Pourtant, ce serait la seule façon de tirer les leçons, pour "ne pas refaire ce qui a échoué" comme se plaisait à répéter Robert Hue, avant qu'en 1997 le PCF décide de fournir des ministres à Jospin.

Diffuser des tracts aux portes des usines, le PCF peut le faire. Nombre de ses militants le font encore, sans avoir besoin que Marie-George Buffet leur montre l'exemple.

Car il ne suffit pas de diffuser des tracts. Encore faut-il que les travailleurs y reconnaissent leurs préoccupations et qu'on leur offre des objectifs qui soient des réponses à leurs difficultés. Et ce n'est pas en retissant des liens avec les dirigeants du PS que le PCF rétablira ses liens avec le monde du travail.

Partager