Accord sur la formation : La CGT signe... avec les félicitations de Raffarin et Seillière09/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1836.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Accord sur la formation : La CGT signe... avec les félicitations de Raffarin et Seillière

Alors que, dans un premier temps, elle semblait s'y opposer, la CGT a décidé de signer l'accord sur la formation professionnelle qui avait déjà été approuvé par la CFDT, FO, la CFTC, la CGC et le Medef. Cette signature a été qualifiée d' "historique" par toute la presse. En effet la CGT n'avait pas signé d'accord interprofessionnel national de cette importance depuis plus de trente ans. Cet événement a été salué par Seillière et par Raffarin comme une très "bonne nouvelle".

Mais cette signature n'a pas fait l'unanimité même à la direction de la CGT: 70 des membres du Comité confédéral national (CCN, qui regroupe les représentants de toutes les fédérations professionnelles et les unions départementales) ont voté pour, 20 ont voté contre et 5 se sont abstenus. À la "base", bien des militants étaient surpris, voire opposés à cette signature qui a valu à Bernard Thibault les félicitations du patron Seillière.

Le dirigeant de la CGT justifie cette signature par l'avancée que constituerait le nouveau "droit individuel à la formation". Pourtant, bien des militants ont pu constater que ce droit, censé permettre à tous les salariés de bénéficier de vingt heures de formation cumulables pendant six ans, ne bénéficiait pas à tous les salariés. En effet la formation ne concerne pas les travailleurs en contrat à durée déterminée ou les intérimaires. La participation à ces formations sera plus difficile car elles pourront désormais être effectuées hors du temps de travail. Pourquoi dès lors signer un tel accord? En quoi constitue-t-il une avancée pour les travailleurs?

Le secrétaire général de la CGT s'est défendu face à la perfidie d'un Chérèque qui a "salué" l'entrée de la CGT au "club de ceux qui signent", s'empressant d'ajouter qu'il ne s'agissait que d' "un compromis à un moment donné", et qu'il "faudrait plus qu'une signature pour considérer que la CGT et le Medef sont sur la même longueur d'onde". Affirmation contredite par un responsable du Medef qui s'est félicité de voir la CGT "réintégrer le champ conventionnel".

C'est bien ce message-là que Thibault a choisi d'envoyer au patronat. Les dirigeants de la CGT ont voulu montrer qu'ils étaient capables d'être aussi consensuels que les autres syndicats.

"Serons-nous plus efficaces en étant dedans ou dehors?" se demande Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT, pour tenter, elle aussi, de justifier le "oui" de son syndicat. Mais de qui parle-t-elle? De la direction de la CGT, ou des travailleurs dans leur lutte contre les patrons? "Si on montre qu'on est capable de signer un accord qui comporte des aspects positifs, cela démontre que véritablement, lorsqu'on ne signe pas sur les retraites ou sur l'UNEDIC, c'est que ce sont de vrais accords de régression sociale" argumente Maryse Dumas. "Si on a une attitude de non-signature systématique, nos arguments sur le contenu des accords ne portent plus", poursuit-elle. Mais les arguments ne "portent" vis-à-vis des patrons que lorsque les travailleurs montrent leur force dans la rue et dans la grève, et pas à cause des jeux de stylo des syndicalistes.

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