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SNCF : Le gouvernement aggrave le déficit
Alors que la SNCF crie au déficit et prend des mesures draconiennes de gel des investissements et des embauches, le gouvernement a décidé d'augmenter les péages qu'elle doit verser à RFF (Réseau Ferré de France). Une décision choquante mais dans la logique même de la création de RFF.
En 1997, la SNCF a été coupée en deux. Le gouvernement Juppé lui a retiré les infrastructures, en particulier les voies ferrées, qui en échange d'une partie de sa dette ont été confiées à RFF, un établissement public créé pour l'occasion. Depuis, la SNCF paye RFF pour l'utilisation des voies. De son côté, RFF sous-traite à la SNCF l'entretien du réseau. La gauche plurielle, et son ministre des Transports, Gayssot, se sont bien gardés de revenir sur cette division qui, loin de sauver la SNCF comme le gouvernement Juppé le prétendait alors, a créé au contraire les conditions d'une possible privatisation du transport de marchandises et de voyageurs. En effet, dans chaque pays où de telles privatisations ont eu lieu, cette séparation entre infrastructure et exploitation a été le passage obligé.
La SNCF est donc devenue un simple exploitant, un «opérateur ferroviaire» devant acquitter des péages pour l'utilisation des voies. Pour l'instant, elle garde le quasi-monopole du transport de voyageurs, mais pour combien de temps encore? Par exemple, le transport de marchandises est ouvert à la concurrence depuis mars 2003.
Le prétexte de cette division de la SNCF était de la soulager de son déficit. Mais les péages payés par la SNCF à RFF ont vite remplacé les intérêts de sa dette. Chaque année, leur montant a augmenté. À l'origine, en 1997, ces péages étaient de moins d'un milliard d'euros. Ils ont plus que doublé entre-temps. Et le gouvernement vient de choisir de les augmenter à nouveau de 60 millions d'euros chaque année pendant cinq ans. Cela représente une ponction supplémentaire de plus de 330 euros par an et par cheminot.
Évidemment, le gouvernement aggrave ainsi le déficit de la SNCF. Et ensuite, au nom du «trou», la direction de celle-ci, par la voix de son président Louis Gallois, explique qu'il est nécessaire de tailler dans les effectifs, de rogner sur l'entretien du matériel et son renouvellement, sur les investissements autres que ceux consacrés aux grandes lignes TGV qui rapportent. En somme, sous prétexte de déficit, il planifie la dégradation du service public et des conditions de travail des cheminots.