Dans le cadre de ses visites démagogiques pour faire croire qu'il s'occupe des problèmes de la population, Raffarin avait choisi de venir à l'usine de la Snecma, à Corbeil-Essonne, dans la banlieue parisienne, le vendredi 19 septembre après-midi. Une heure de visite habituelle pour ces gens-là... parce que c'est à ce moment-là qu'il y a le moins d'ouvriers à l'atelier!

La visite se voulait discrète, mais Raffarin a quand même eu droit à un comité d'accueil. La petite centaine de travailleurs que nous étions, rassemblés à l'appel de la CGT, était bien décidée, sans trop d'illusions au départ il est vrai, à lui faire part de notre mécontentement face aux mauvais coups qui se succèdent depuis plusieurs mois. Tant sur les attaques contre les retraites, l'augmentation du chômage, la multiplication des licenciements, que sur l'avenir de l'usine avec le développement de la sous-traitance et la perspective de la privatisation, nous avions bien des raisons de lui crier notre colère .

Après avoir pris à partie quelques pontes du groupe, dont le PDG (que les salariés n'ont jamais l'occasion de voir), tous les présents ont apprécié que l'un de nos camarades se soit retrouvé face à face avec Raffarin pour lui dire ce que nous avions tous sur le coeur et faire comprendre à ce serviteur de la bourgeoisie qu'il y a des travailleurs décidés à s'opposer à sa politique. À l'usine, personne n'est dupe des simagrées du Premier ministre qu'il qualifie de "dialogue social". Beaucoup d'ouvriers et d'employés de l'usine, qui ont appris la visite par la télé, le soir-même, ont témoigné de leur sympathie les jours suivants et ont apprécié que l'on dise ses quatre vérités à Raffarin.

Et il est vrai qu'on aurait eu tort de s'en priver: ce n'est pas tous les jours qu'on peut "être au contact" avec un Premier ministre arrogant! En tout cas, voilà une petite "animation" improvisée à la veille du week-end qui a mis du baume au coeur à nombre d'entre nous.